Dix pistes pour réduire l’impact de l’agriculture sur le climat

À la demande de l’ADEME et des Ministères en charge de l’agriculture et de l’écologie, les experts de l’INRA ont identifié 10 actions permettant d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre des pratiques agricoles tout en maintenant un niveau de production élevé.
L’ensemble des actions analysées conduirait, à l’horizon 2030, à une atténuation annuelle cumulée représentant 32 millions de tonnes équivalent CO2  selon la méthodologie utilisée par les experts. Un tiers des actions proposées donneraient lieu à un gain financier pour l’agriculteur.

 

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© Inra

L’inventaire national 2010 des émissions françaises de gaz à effet de serre (GES) attribue à l’agriculture 17,8% de ces émissions en équivalents CO2, dont 9,8% dus au protoxyde d’azote et 8% au méthane. Si l’on tient compte des émissions liées aux consommations d’énergie, l’agriculture française contribue à hauteur de 20% aux émissions nationales.

L’agriculture est appelée à contribuer à l’effort général de réduction des émissions des GES via quatre  leviers : la réduction des émissions de protoxyde d’azote et de méthane, le stockage de carbone dans les sols et la biomasse, l’économie d’énergie et la production d’énergie et de matériaux à partir de la biomasse (réduction des émissions par effet de substitution à des énergies et matériaux fossiles). Les spécificités des émissions de GES d’origine agricole – caractère diffus, difficulté de mesure et provenant de processus biologiques – rendent cependant leur quantification et leur limitation difficiles.

Le potentiel d’atténuation des actions identifiées

Un tiers des actions donne lieu à un gain financier pour l’agriculteur : il s’agit principalement d’ajustements techniques avec économies d’intrants sans perte de production. On peut citer, par exemple, la conduite des prairies (allongement de la durée des pâturages, accroissement de la part des légumineuses….), ou  l’ajustement de la fertilisation azotée ou de l’alimentation des bovins et des porcs.

Un deuxième tiers des actions sont à coût modéré ; elles nécessitent des investissements spécifiques (exemple de la méthanisation) et peuvent modifier le système de culture (réduction du labour, agroforesterie).

Le dernier tiers sont à coût plus élevé ; elles nécessitent un investissement sans retour financier direct, des achats d’intrants spécifiques, du temps de travail dédié (cultures intermédiaires, haies) et peuvent  impliquer des pertes de production plus importantes (bandes enherbées réduisant la surface cultivée). Certaines de ces actions ont cependant un effet positif sur des objectifs agri-environnementaux comme la biodiversité, la lutte contre l’érosion ou l’esthétique des paysages…., qui n’a pas été quantifié par cette étude.

Un potentiel d’atténuation global important

L’ensemble des actions analysées conduirait à l’horizon 2030 à une atténuation annuelle cumulée représentant 32 millions de tonne s de CO2 équivalent selon la méthodologie utilisée par les experts. Toutefois, seule une partie de cette atténuation serait reflétée dans l’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre. En effet, l’inventaire national 2010 ne permet pas de rendre compte de l’atténuation liée à certaines actions (par exemple aux émissions de méthane par les bovins suite aux modifications des rations alimentaires, ou au stockage de carbone lié au non-labour ou l’agroforesterie).

Cette étude devrait contribuer à faciliter la conception ou la réorientation de politiques publiques destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole.

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