Billet

[ENR] 3 questions à… David Marchal sur les énergies renouvelables

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat.
Ce mois-ci, David Marchal, Directeur Adjoint Productions et Energies Durables, répond à 3 questions sur les énergies renouvelables

  • © DRQuelle est la part des énergies renouvelables dans la production énergétique totale française ?

La France s’est fixée les objectifs d’atteindre une part de 23% d’énergie renouvelable dans la consommation en 2020 et de 32% en 2030. Différentes politiques publiques ont été mises en œuvre pour faciliter et stimuler leur déploiement. Selon les derniers chiffres disponibles, la part des EnR a atteint 14,6 % de la consommation finale (pour l’année 2014). La production renouvelable correspond à de la production de chaleur (pour 56%), d’électricité (33%), de gaz ou de carburants renouvelables (11%).  Les principales sources sont par ordre décroissant de leur utilisation actuelle : le bois énergie, l’hydro-électricité, les biocarburants, les pompes à chaleur, l’éolien et le photovoltaïque… La diversité de filières et de moyens de production permet une adaptation aux différents gisements, territoires, ou usages.

  • De quoi dépendent les coûts de production et quelle est la tendance de leur évolution ?

Le calcul du coût de production des différentes filières doit être effectué sur toute la durée de vie de l’installation, afin de prendre en compte les coûts d’investissement, souvent élevés, et d’exploitation, souvent faibles.

Ces coûts dépendent bien entendu du coût des technologies et de la qualité des gisements (vitesse de vent, ensoleillement…) propres à chaque territoire; Ils dépendent en général très peu du coût des combustibles (sauf pour le bois énergie). Au-delà de ces critères techniques, l’un des paramètres majeurs est relatif aux facilités de financement et notamment au taux d’actualisation, quitraduit notamment les attentes de rentabilité des investisseurs et le risque perçu par ces derniers.

Si les meilleurs sites sont souvent déjà utilisés, les progrès technologiques et les facilités de financement permettent de compenser la baisse progressive de la qualité des gisements et  d’entrevoir une baisse des coûts de production à venir, notamment pour les filières représentant les gisements les plus importants.

  • Avez-vous des exemples d’innovations techniques encore à l’étude qui pourraient permettre aux ENR de devenir encore plus rentables ?

Les innovations technologiques importantes pouvant aboutir à une baisse des coûts significatives sont surtout présentes sur les filières les moins matures (l’hydrolien, par exemple). Toutefois, dans la majorité des autres filières, des innovations continuent de faire évoluer les coûts de façon plus progressive. On peut notamment citer les innovations en cours sur l’obtention de silicium quasi-mono-cristallin qui vont permettre la fabrication de cellules photovoltaïques à haut rendement et à moindre coût. Certaines innovations servent à amoindrir le coût des solutions adaptées aux gisements de moins bonne qualité.  Par exemple, les progrès effectués sur les matériaux composites permettent de concevoir aujourd’hui des éoliennes de plus grands diamètres, pouvant fonctionner sur des sites moins ventés, qui représentent aujourd’hui la majorité des sites à équiper. Enfin, il ne faut pas oublier les innovations liées au numérique qui vont par exemple permettre de réduire les coûts d’intégration des EnR au réseau, grâce à l’amélioration des prévisions de production, à la réduction des coûts de raccordement (via des approches probabilistes basées sur la possibilité d’écrêter un peu de production pour éviter une saturation du réseau), ou encore au déploiement de nouvelles technologies permettant d’éviter des travaux de renforcements de réseau quand les besoins ou la production renouvelable augmentent…

Rendez vous les 14 et 15 décembre 2016 aux Rencontres Nationales des Energies Renouvelables à Montpellier.

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