Billet

[Économie de la Fonctionnalité] 3 questions à… Claire Pinet

© ADEME – Claire Pinet

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu-clé pour la transition énergétique et écologique. Ce mois-ci, Claire Pinet, animatrice sur l’économie de la fonctionnalité à l’ADEME, répond à 3 questions sur l’économie de la fonctionnalité, nouveau modèle économique mis à l’honneur à l’occasion des Assises de l’économie circulaire de fin juin.

Pouvez-vous nous définir l’économie de la fonctionnalité ? Auriez-vous un exemple concret à nous développer ?

L’économie de la fonctionnalité est un nouveau modèle d’entreprise. Une vision aboutie de cette économie correspond à un nouveau modèle de service développé par les entreprises en coopération avec un ensemble d’acteurs du territoire pour répondre à des besoins spécifiques de personnes, d’entreprises, de collectivités ou encore aux enjeux de développement durable de territoires, liés à l’habitat, la mobilité, l’alimentation ou encore la santé. L’offre repose sur l’atteinte et la vente d’une performance d’usage, c’est-à-dire d’un résultat, et non plus sur la simple vente d’un bien ou d’un service standard. La relation de service s’installe dans la durée, le travail évolue, la valeur créée est partagée entre les acteurs, de nouveaux financeurs publics et privés apparaissent, les défis écologiques et sociaux sont au cœur du modèle. Vu ainsi, c’est une innovation de rupture. Peu d’acteurs déclinent actuellement complètement ce modèle mais un certain nombre sont déjà engagés dans cette voie.

Par exemple, COFELY INEO et la ville de Lille ont mis en place une solution « Lumière » de la ville. L’engagement contractuel ne repose pas sur la vente de matériels et d’énergie pour l’éclairage mais sur l’atteinte d’une performance de la mise en lumière des différents lieux pour les usagers. L’offre vise aussi l’insertion de travailleurs en difficulté, la réduction de la consommation énergétique et d’émission de gaz à effet de serre, la valorisation du patrimoine bâti et la protection des chauve-souris par l’instauration de trames noires. Usagers, sociologues, concepteurs lumières… sont mobilisés aux côtés de la collectivité et de l’entreprise pour atteindre la performance dans une perspective de développement durable.

En quoi l’économie de la fonctionnalité participe-t-elle de l’économie circulaire ?

L’économie de ressources naturelles est potentiellement à la clé. La création de valeur repose principalement sur le développement des ressources immatérielles des entreprises (compétences, pertinence de l’offre, confiance…) et moins sur la mobilisation des ressources matérielles. Les revenus ne sont plus générés par la vente en volume de biens matériels comme dans le modèle industriel classique. Par ailleurs, l’offreur a tout intérêt à gérer de façon efficiente les biens, supports des services, car il en conserve la propriété. Le réemploi, la réparation, la refabrication et le recyclage sont recherchés.

Comment l’ADEME accompagne-t-elle les entreprises qui repensent leur modèle économique en faveur de l’économie de la fonctionnalité ?

En PACA, en AURA, en Alsace, dans les Pays de la Loire et en Ile-de-France, l’ADEME soutient plusieurs opérations collectives d’accompagnement d’entreprises soucieuses de faire évoluer leur modèle. Elle appuie aussi des clubs territoriaux d’économie de la fonctionnalité dédiés à l’animation de réseaux d’acteurs dans les régions, ainsi que l’Institut Européen de l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération, centre de ressources et d’animation des clubs au niveau national.

Consulter la suite