Communiqué de Presse

#Smartphones, des téléphones pas si « smart » pour l’environnement

 

En seulement 10 ans, les smartphones sont devenus des objets phares de notre quotidien. Chaque année est marquée par l’arrivée de modèles toujours plus à la pointe de la technologie, comme en témoignent les sorties tant médiatisées de l’iPhone 8 ou du Samsung Galaxy Note 8. Pourtant, nous connaissons mal les impacts de ces téléphones sur l’environnement. Dans le cadre d’un travail collaboratif, France Nature Environnement et l’ADEME proposent un décryptage de ces impacts et donnent quelques astuces aux consommateurs pour qu’ils puissent agir à leur échelle.

 

Des modes de fabrication particulièrement impactants pour l’environnement

L’impact environnemental des smartphones s’étend tout au long de leur cycle de vie. Cependant,  les ¾ de l’empreinte environnementale de ces appareils sont concentrés dans leur phase de fabrication[1]. C’est l’extraction des minerais, que l’on retrouve sous la forme de métaux dans les smartphones, qui pose aujourd’hui particulièrement problème. Elle conduit à la destruction d’écosystèmes et à de multiples pollutions, comme sur l’eau en raison de l’usage intensif de procédés d’extraction chimique.

« L’engouement pour les smartphones s’est accompagné d’une utilisation accrue de matières premières, contribuant à leur surexploitation à l’échelle de la planète. Il faut mobiliser plus de 70 kg de ressources naturelles pour produire un seul smartphone et chaque appareil peut contenir jusqu’à 50 métaux différents. L’exploitation des minerais s’accompagne de conséquences désastreuses pour l’environnement mais aussi pour les populations locales, comme en Chine avec le néodyme[2] ou encore en République Démocratique du Congo avec le tantale et le cobalt[3] », précise Héloïse Gaborel, chargée de mission à France Nature Environnement.

 

Un renouvellement trop fréquent de nos téléphones

Nous changeons de téléphone portable en moyenne tous les 2 ans alors que dans 88% des cas, ils sont encore en état de fonctionner[4]. Il existe une véritable obsolescence perçue des consommateurs par rapport à leur téléphone, liée à des facteurs psychologiques et sociaux : attrait pour les dernières nouveautés, effet de mode… Les fabricants et les opérateurs de téléphonie mobile entretiennent cette obsolescence ressentie à coups de publicités et d’offres promotionnelles alléchantes.

Mais la courte durée d’usage des téléphones mobiles, et plus particulièrement des smartphones, est également liée à leur conception même. Batteries collées et soudées, indisponibilité de pièces de rechange, utilisation de connectiques, de chargeurs et de systèmes d’exploitation exclusifs… Dans la plupart des cas, les smartphones ne sont pas conçus pour être robustes et réparables, ni compatibles et évolutifs dans le temps. Des mesures doivent être mises en place pour lutter contre l’obsolescence fonctionnelle et logicielle des smartphones.

 

Quels leviers d’actions pour les consommateurs ?

En faisant des choix plus durables et en adoptant de bonnes pratiques d’utilisation, les consommateurs peuvent aussi agir pour réduire les impacts environnementaux des smartphones[1]. Avant tout achat, il est important de bien définir ses besoins et de se renseigner sur les caractéristiques du téléphone ainsi que ses conditions de vente : possibilité de démonter le portable pour changer la batterie par exemple, modularité de l’appareil, durée de disponibilité des pièces détachées, clauses des garanties[2]…  Il est aussi possible d’opter pour un téléphone d’occasion ou de le louer si on ne souhaite l’utiliser que temporairement. Prendre soin de son téléphone au quotidien et le réparer en cas de panne ou de casse peuvent par ailleurs permettre d’éviter des renouvellements prématurés. Et lorsqu’on souhaite se séparer de son smartphone, il est toujours préférable de lui donner une seconde vie.

 

Erwann Fangeat, ingénieur à l’ADEME, rappelle que « seulement 15% des téléphones en fin d’usage sont collectés et au moins 30 millions de téléphones portables dorment dans nos tiroirs. Pourtant, un certain nombre de ces téléphones pourraient être utilisés par d’autres personnes, ce qui permettrait d’économiser les ressources liées à la fabrication de nouveaux appareils. Lorsqu’un consommateur souhaite se séparer de son téléphone, il peut essayer de le revendre ou bien le donner à quelqu’un de son entourage, ou encore à une structure de réemploi (Ressourceries, recycleries, réseau Emmaüs…). Il peut également le rapporter en magasin car les vendeurs ont l’obligation de reprendre les anciens appareils électriques et électroniques. Une fois collectés, les téléphones sont reconditionnés ou recyclés, selon leur état ».

 
[1] Hors impacts environnementaux de la fin de vie des smartphones
[2] Le néodyme est un métal du groupe des terres rares que l’on retrouve dans les aimants des smartphones. A Baotou, en Chine, son exploitation génère des rejets d’eau acide et des déchets chargés en radioactivité ainsi qu’en métaux lourds.
[3] Le tantale est un métal que l’on retrouve dans les condensateurs des smartphones. En République Démocratique du Congo, l’exploitation du tantale, issu du coltan, a fortement contribué à la déstabilisation du pays en alimentant des conflits armés.
[4] Des tiroirs pleins de téléphones remplacés : consommateurs et objets à obsolescence perçue, Rapport du projet de recherche COOP – Consommateurs et objets à obsolescence programmée, juin 2017

[5] Voir l’article de FNE « 5 solutions pour réduire les impacts environnementaux de son smartphone »
[6] Pour tout savoir sur les garanties, voir le guide pratique de l’ADEME « Comment faire durer ses objets ? »

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