Billet

#PIA – 3 questions à… Fantine Lefèvre

© Jean Chiscano

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu-clé pour la transition énergétique et écologique.

Ce mois-ci Fantine Lefèvre, Directrice des investissements d’avenir, répond à 3 questions sur le Programme d’investissements d’avenir opéré par l’ADEME pour accompagner et financer l’innovation.

Après 7 ans de soutien aux projets innovants dans le domaine de la transition écologique et énergétique via le Programme d’investissements d’avenir, quels en sont les premiers enseignements ?

Depuis 2010, l’ADEME est opérateur du programme d’investissements d’avenir, piloté par le Commissariat Général à l’Investissement (CGI) et sous gouvernance interministérielle, dans tous les domaines de la transition écologique et énergétique, y compris le transport sous toutes ses composantes et la mobilité.

 

L’objectif du PIA est de soutenir des projets portés par des industriels afin de mettre sur le marché des solutions innovantes et ainsi contribuer à l’accélération de la transition écologique et énergétique. Pour ce faire, entre 2010 et 2017, 2,5 milliards d’Euros ont été engagés en soutien à l’innovation sur les technologies bas carbone et l’économie circulaire au travers de 745 projets.

S’il est encore un peu tôt pour faire un bilan quantitatif de tous les projets financés, compte-tenu de la durée de ces projets, le soutien du PIA des projets innovants portés par les industriels a été pour la majorité des cas une opportunité décisive pour réaliser leur projet, les réaliser plus vite ou encore de manière plus ambitieuse. De même, il a eu un effet de levier important sur d’autres types de financement publics ou privés. Ainsi, nous pouvons considérer qu’1 euro provenant du PIA a permis de financer 3 euros de coûts du projet.

Une des caractéristiques fortes des projets soutenus est la collaboration entre différents types d’acteurs industriels, allant des grands groupes aux start-ups, et des organismes de recherche. Le projet Biognval de production et distribution de biométhane carburant liquéfié issu de la valorisation de biogaz de station d’épuration porté par Suez Environnement, mais dont la technologie innovante d’épuration des gaz a été développé par une start-up Cryopur, en est bon exemple.

Enfin, 45% des bénéficiaires du PIA opéré par l’ADEME sont des TPE/PME, qui se révèlent être très fortement porteuses d’innovation. Cela se vérifie particulièrement dans l’économie circulaire. A titre d’exemple, la PME MACHAON, située en Châlons-en-Champagne, est la première entreprise en France à transformer les films plastiques souples issus des ordures ménagères qui sont aujourd’hui enfouis ou incinérés avec la perspective d’une création d’une trentaine d’emplois. Dans le cadre du PIA1&2, nous avons d’ailleurs dédié un de nos outils de financement aux start-ups et PME appelé « Initiatives PME ». Celui-ci a connu un franc succès avec 325 TPE/PME financées pour près de 60M€.

Avez-vous quelques exemples structurants ?

Le PIA opéré par l’ADEME a particulièrement soutenu les filières d’énergies marines, dont dernièrement l’éolien flottant. L’État a en effet sélectionné 4 projets portés par des consortiums alliant Grands Groupes et PME pour éprouver plusieurs technologies de turbines et de flotteurs afin de préparer les développeurs et les équipementiers au déploiement de fermes commerciales éoliennes flottantes, marché à l’international qui devrait se développer dans les 10 prochaines années. Cet Appel à projets est très précurseur à l’échelle internationale et contribue à la création d’une filière d’excellence dans l’éolien flottant.

Autre exemple significatif : l’usine Ecotitanium, portée par l’entreprise Aubert & Duval sur le site de Saint Georges de Mons dans le Puy de Dôme, première usine européenne d’élaboration de titane de qualité aéronautique par recyclage. L’enjeu est d’offrir à l’industrie aéronautique une nouvelle voie d’approvisionnement écoresponsable (consommation de 4fois moins d’énergie) et de créer une filière européenne indépendante avec une 60 aine d’emplois directs à la clé.

Dans le domaine des transports et de la mobilité, nous avons été particulièrement actifs dans le soutien des 3 secteurs et applications du déplacement que sont la route (automobile, véhicules lourds, plateformes numériques et services de mobilité), le ferroviaire et le maritime. Les sujets de la connexion et de l’autonomisation des véhicules en ces 3 domaines sont prégnants. Les projets OPTIMOD LYON (plateforme numérique de mobilité  tous modes et temps réel), EVAPS (expérimentation d’une navette autonome sur le plateau de Saclay), A2V (PME innovante qui développe un navire innovant de travail à faible impact sur les berges des fleuves lors de vitesses élevées) ou le projet ATOLL (qui développe un drone pour le ravitaillement des stations sous-marines) en sont de très bon exemples.

Plus dernièrement, nous accompagnons le fonds Eiffel Energy Transition afin d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables, de soutenir des projets d’efficacité énergétique et de renforcer la compétitivité des acteurs français impliqués.

Quelles sont les perspectives de la 3ème phase du Programme d’investissements d’avenir?

Le 3ème programme d’investissements d’avenir a pour ambition d’accentuer encore le soutien et l’accélération de la mise effective sur les marchés internationaux des solutions développées par les entreprises nationales. La transition énergétique est une réalité économique qu’il n’est plus besoin de démontrer mais bien d’accélérer dans le monde. C’est l’ambition principale de ce troisième programme pour lequel l’ADEME s’est vu renouveler la confiance de l’Etat en tant qu’opérateur du PIA3.

Doté d’une nouvelle enveloppe de 1 milliard d’euros, cette 3ème phase se décline sur 3 axes :

  • L’action « Démonstrateurs et territoires d’innovation de grande ambition » vise au développement de démonstrateurs de la transition énergétique et écologique et, par ailleurs, au financement en fonds propres d’infrastructures innovantes de type « premières commerciales » ;
  • Conjointement avec Bpifrance, le « Concours d’innovation » vise à soutenir les projets innovants portés par des start-up et des PME, dans la continuité du dispositif IPME. La 1ère vague d’appel à projets est lancée jusqu’au 13 mars 2018 sur les thématiques suivantes : Énergies renouvelables, stockage et systèmes énergétiques, Transport et mobilité durable, Agriculture innovante, Écosystèmes terrestres, aquatiques et marins ;
  • L’action « Accélérer le développement des écosystèmes d’innovation performants », exclusivement dédiée aux transports et à la mobilité, cible les projets coopératifs associant des entreprises et des instituts de recherche.
Consulter la suite