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[Lettre Stratégie] Les français et l’environnement 2017

L’ADEME dispose de données régulières sur l’opinion des Français concernant les questions environnementales et les pratiques dans ce domaine. Elles permettent d’observer les tendances et les évolutions des opinions et des comportements. Le nouveau numéro de la lettre Stratégie ADEME & Vous présente les principaux résultats des enquêtes effectuées en 2017. Les Français acceptent majoritairement l’idée qu’il faudra changer leur mode de vie mais ils peinent encore à modifier leurs pratiques. Les attentes envers les pouvoirs publics sont triples : dispositifs incitatifs, mesures de régulation et soutien aux technologies vertes.

 

  • Une prise de conscience des français accrue

La conjoncture économique et politique a des répercussions importantes sur la place de l’environnement dans l’ensemble des préoccupations des Français. Sans surprise, l’environnement n’est pas prioritaire au regard d’autres questions économiques et sociales en 2017. Il est cité (6 %) loin derrière l’emploi (29 %), l’immigration (15 %), les déficits publics et la dette de l’État (11 %), les impôts et taxes, la sécurité des biens et des personnes et les inégalités (ex aequo à 9 %). Toutefois, cela ne signifie pas une absence de préoccupation. Ils sont environ 1 sur 2 à se dire « sensibles » et 1 sur 3 « très sensibles » à l’environnement sur toute la période 1995-2017. Le niveau des « très sensibles » atteint même 39 % en 2017, un record historique. Le changement climatique reste en tête des préoccupations environnementales (31%) devant la pollution de l’air et la dégradation de la faune et de la flore (17 %).

70 % (+ 11 points depuis 2016) des Français considèrent que l’augmentation de l’effet de serre entraînant un réchauffement de l’atmosphère de la Terre est une certitude pour la plupart des scientifiques. Les « climato-sceptiques » sont en baisse (8 % soit – 5 points) et sont surreprésentés parmi les plus de 50 ans, les peu diplômés ainsi que les personnes se situant à droite de l’échiquier politique.

Les Français n’ont jamais été aussi nombreux à redouter les effets du réchauffement climatique. Ils sont en effet 66 % (+ 11 points depuis 2016, le précédent record étant de 61 % en 2007) à considérer que les conditions de vie en France deviendront extrêmement pénibles à cause des dérèglements climatiques d’ici une cinquantaine d’années si le changement climatique continue.

  • Une modification des modes de vie reconnue comme nécessaire et potentiellement souhaitable

Inquiets, les Français ne sont pas pour autant fatalistes ou inconséquents. Ils sont très majoritairement convaincus (60 % dans leur ensemble et 65 % pour les personnes appartenant aux catégories sociales supérieures) qu’il faudra avant tout modifier nos modes de vie pour limiter l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Cette position est privilégiée devant la réglementation étatique au niveau international (16 %), le progrès technique (10 %) ou la fatalité (13 %)11. Ils sont un peu plus nombreux en 2017 (51 %, + 6 points) à considérer que ces changements sont une contrainte mais il reste toujours près d’un Français sur deux (49 %) pour les envisager comme une opportunité.

Les comportements en faveur de l’environnement sont plutôt en progression par rapport à 2016 mais si l’on regarde l’évolution des pratiques déclarées sur un temps plus long, les résultats sont plus contrastés. Comportement peu coûteux et accessible à tous, le tri représente l’éco-geste le plus répandu avec 80 % des Français qui le mettent en œuvre en 2017, contre 81 % en 2005 mais 87 % en 2009. Les économies d’énergie au domicile les plus pratiquées concernent l’éclairage avec 64 % (66 % en 2014)13 de Français qui utilisent davantage des ampoules à économie d’énergie et 62 % (63 % en 2014) qui éteignent davantage les lumières. La réduction ou l’arrêt du chauffage en cas d’absence de plus de 48 heures, la nuit, pour les pièces inoccupées ou lors de l’ouverture des fenêtres sont des pratiques en légère baisse depuis 2014.

Le consentement à payer pour l’environnement semble perdre du terrain du fait de contraintes notamment budgétaires. Si 65 %16 des Français déclarent être prêts à payer plus cher leur énergie pour passer à une énergie d’origine renouvelable (- 1 point), le surcoût qu’ils seraient prêts à y consacrer atteint en 2017 son niveau le plus bas depuis 2014 (9,4 % en plus de leur budget).

 

  • Plus de mesures de régulation et de soutien aux technologies vertes

2017 se caractérise par une acceptation significativement en hausse de l’ensemble des mesures proposées de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n’y a plus désormais que la limitation de la vitesse sur autoroute à 110 km/h et la densification des villes qui n’obtiennent pas d’adhésion majoritaire de la part de nos concitoyens.

Lorsqu’on les interroge sur un ensemble de neuf nouvelles technologies de l’énergie (voir graphique 5 p. 10), les Français considèrent qu’elles ont toutes plutôt plus d’avantages que d’inconvénients. Ils ne sont pas, pour autant, prêts à toutes les utiliser eux-mêmes. Seuls les LED (66 %), les panneaux solaires photovoltaïques (54 %), les véhicules électriques (52 %), et les lampes fluocompactes (basse consommation) (51 %) atteignent une majorité d’utilisateurs potentiels, suivis de peu par les appareils de chauffage au bois (48 %) et les applis smartphone mobilité (47 %). À noter cependant, aucune des technologies proposées ne se heurte à une défiance généralisée puisque 4 Français sur 10 se déclarent prêts à utiliser les compteurs électriques communicants (42 %), les installations de méthanisation dans leur quartier (40 %) et les véhicules électriques à hydrogène (38 %).

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