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#PPE #Climat – 3 questions à… Arnaud Leroy, Président de l’ADEME

©Jean Chiscano

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat. Ce mois-ci, Arnaud Leroy, nouveau Président de l’ADEME, nommé en février dernier, répond à 3 questions sur l’actualité de l’ADEME et les enjeux de la transition énergétique.

 

A l’heure du débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), quelle est la position de l’ADEME sur le sujet en tant qu’expert des thématiques énergétiques ?

L’ADEME participe au débat public sur la PPE organisé jusqu’à fin juin 2018 en apportant aux citoyens son expertise sur les évolutions du système énergétique français. Au travers du cahier d’acteur que nous avons publié sur le site de la Commission nationale du débat public, nous voulons informer, expliquer et montrer le champ des possibles.

Au regard de la désinformation qui peut exister lorsque que l’on veut débattre de l’énergie dans notre pays, l’Agence est ici totalement dans son rôle d’expert – neutre et indépendant –  au service de la transition énergétique, en montrant que des évolutions sont possibles, parce que les énergies renouvelables sont techniquement envisageables, économiquement viables et socialement souhaitables.

Notre cahier d’acteur propose ainsi une trajectoire de transition énergétique ambitieuse et soutenable en baissant de 30 % nos consommations d’ici 2035 tout en doublant la part de la production renouvelable entre 2016 et 2028. Ce document, avant de proposer des pistes d’évolution de notre production d’énergie dans les années à venir, identifie les grands enjeux de notre consommation d’énergie actuelle et de son évolution.

 

Cette année, la semaine du développement durable est dédiée aux villes et territoires de demain. Pour l’ADEME quels sont les défis de demain sur ce sujet ?

La croissance de la population urbaine, au cours des dernières décennies, constitue à la fois un facteur majeur de dynamisme économique et un risque environnemental. Grandes consommatrices de ressources, fortement émettrices de gaz à effet de serre, les villes contribuent de manière importante au changement climatique. Dans le même temps, l’échelle de la ville, du territoire est un maillon essentiel de l’action car c’est là que se développent les solutions qui répondent aux attentes des citoyens.

Aujourd’hui, face aux conséquences du réchauffement climatique, aux problèmes de pollution dans les grandes villes, d’artificialisation des sols, de perte de biodiversité, aux problèmes de mobilité auxquels font face de nombreux Français chaque jour, il est impératif de penser autrement la ville de demain, pour proposer de nouvelles façons d’habiter, de se déplacer et de travailler, de se nourrir…

La transition énergétique invite donc les villes et territoires à repenser la planification énergétique et territoriale. Cela offre des leviers pour faire émerger de nouvelles formes de coopération et de solidarité territoriale. Solidarité notamment entre les territoires ruraux, qui ont bien souvent un fort potentiel de production d’énergie, mais une faible demande et des moyens parfois limités, et en face, des territoires très urbanisés, avec une forte demande.

Il y a aussi le défi du numérique, qui tiendra une place prépondérante dans la ville et les territoires de demain. La transition numérique doit être l’occasion de penser de nouveaux usages et de nouveaux services pour rendre la ville, le territoire plus sobre, plus agréable, plus en phase avec les aspirations des citoyens.

La participation du citoyen aux choix de la ville de demain est essentielle, car il ne sera pas possible de construire un modèle urbain plus économe en ressources, résilient face aux effets du changement climatique et plus durable sans ceux qui vivent le territoire.

 

La France est devenue en une quinzaine d’années, le pays leader en matière de dispositifs volontaires et réglementaires relatifs à l’intégration de la dimension climat et gaz à effet de serre pour les organisations privées comme publiques. Comment compte-t-elle poursuivre son rôle de fédérateur des acteurs autour de la prise en compte du climat ?

Avec l’Accord de Paris, nous avons changé d’échelle dans la volonté des Etats comme des acteurs non étatiques d’aller vers un monde bas carbone. Pourtant, des efforts conséquents restent nécessaires pour nous placer sur la trajectoire qui permettra de contenir la hausse des températures sous la barre des 2 degrés, ce qui implique des changements de paradigme dans les façons de produire et de consommer.

En imposant aux organisations publiques et privées la réalisation d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre, assorti, pour les territoires, d’un plan Climat, la France a effectivement pris une longueur d’avance. La réglementation n’est toutefois qu’une facette de l’action qui doit être complétée d’actions volontaires.

L’ADEME, comme la France, est précurseur sur le sujet : elle participe et alimente les méthodes, normes internationales et bases de données (Base Carbone®, Base Impacts®, etc.), elle accompagne la mobilisation des acteurs engagés dans la réduction de leur empreinte carbone, que ce soit de manière règlementaire (plateforme BEGES) ou volontaire (Initiative ACT). Notre action permet aux organisations de prendre conscience de leurs impacts, de rechercher et mettre en œuvre des solutions et, plus largement, de monter en compétence sur la question de la transition bas carbone afin que chacun passe à l’action.

Nous avons aussi un rôle fédérateur, animant des échanges, confrontant des démarches afin de les questionner, de les alimenter et de faciliter leurs diffusions. Lors de notre prochain colloque « Climat 2050 : vers un monde décarboné » les 12 et 13 juin à Paris, nous rassemblerons donc des collectivités, des entreprises et des acteurs de la finance, français et étrangers, pour débattre et, je l’espère, nous faire progresser sur la mise en œuvre de stratégies bas carbone afin d’être, collectivement, à la hauteur de l’enjeu des 2 degrés.

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