Communiqué de Presse

Le tourisme durable en France : un levier de relance écologique

Avec 89,3 millions de visiteurs internationaux en 2018, la France est la première destination touristique au monde. La crise sanitaire a bien montré que le tourisme constitue un levier majeur dans l’économie du pays, avec 7,4% du PIB en 2018. Cependant, les activités touristiques de loisirs et d’affaires émettent des gaz à effet de serre (GES) et ont ainsi un impact significatif sur le changement climatique. C’est dans ce contexte que l’ADEME présente son étude faisant le bilan des émissions de gaz à effet de serre du tourisme en France. Ce premier bilan des enjeux environnementaux du tourisme constitue un outil de pilotage pour le rebond post-covid d’un tourisme durable en France.

L’étude est novatrice aux niveaux national et international en raison du périmètre couvert (intégralité de la chaîne de valeur de l’industrie touristique)[1] et de la méthodologie déployée (typologie des données retenues).Au total, les émissions du secteur du tourisme en France se sont élevées à 118 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2018. Cela correspond aux émissions de GES de 11 millions de Français sur une année entière. La part des émissions du bilan GES qui ont lieu sur le territoire national (50 millions de tonnes de CO2 équivalent) [2] représente  11% de l’inventaire national d’émissions de GES en France, pour un poids de 7,4% du PIB.

Le transport : premier poste d’émission de GES pour le secteur du tourisme

Plus des trois quarts de ces émissions (77%, soit 91 MtCO2e) sont générés par le transport, dont 68% de transports aller-retour pour se rendre sur le lieu de séjour. Si le transport aérien ne représente que 12% des arrivées de touristes, il représente pourtant 43% du volume en passager.kilomètre du fait des distances en jeu bien plus grandes que pour les autres modes de transports. L’impact en termes d’émissions est encore plus important : l’avion est à l’origine de plus de la moitié des émissions liées au transport pour se rendre (et quitter) le lieu de séjour (53%).

Les visiteurs étrangers sont à l’origine de la majorité (environ 80%) des émissions GES liées au transport origine/destination, et représentent 32% du nombre d’arrivées sur le lieu de séjour. Cela s’explique par une distance parcourue environ 5 fois plus importante que pour un touriste français, ainsi qu’une intensité carbone du transport sept fois plus élevée (465 kgCO2/arrivée[3] versus 63 kgCO2/arrivée).

Enfin, pour les touristes d’affaire, la part du transport dans le poids carbone de leur voyage est deux fois plus importante que le tourisme pour motif personnel, principalement du fait de durées de séjour plus courtes en moyenne.

L’hébergement, des postes d’émissions différents selon les types de logement

L’hébergement, les achats de biens et la restauration représentent 20% des émissions totales du secteur touristique. Plus spécifiquement, l’hébergement touristique en France représente 8,5 MtCO2e d’émissions, soit 7 % du bilan des émissions GES du tourisme, réparties comme suit :

  • Hébergement non marchand[4]: 56 % des émissions de GES de l’hébergement
  • Hébergement marchand[5] : 36 % des émissions de GES de l’hébergement
  • Locations saisonnières[6] : 7 % des émissions de GES de l’hébergement

Bien que l’intensité carbone totale de chacun des trois types d’hébergement soit proche (respectivement 6,4, 6,9 et 5,8 kgCO2e/nuitée), leur composition par poste d’émissions diffère :

  • Les émissions liées à la consommation d’énergie et les achats intermédiaires sont majoritaires pour les hébergements marchands et les locations saisonnières ;
  • Les émissions liées à la construction des infrastructures sont majoritaires pour les hébergements non marchands. L’impact de la construction des résidences secondaires pèse particulièrement lourd rapporté au nombre de nuitées réellement effectuées dans l’année, de plus la mutualisation des espaces est moindre que dans l’hébergement marchand.

Ces deux effets se compensent en partie : en bilan, l’hébergement marchand est respectivement 7% et 16% plus émissif par nuitée que l’hébergement non marchand et les locations saisonnières.

Des pistes d’action pour agir tant sur l’offre que sur la demande touristique

Des pistes d’action pour la réduction des émissions de GES du tourisme en France ont été identifiées autour de trois grands leviers classiques :

  • La sobriété, qui vise à diminuer une activité (la longueur d’un trajet, un nombre de visites, une quantité de biens achetés, etc.),
  • L’efficacité énergétique (la diminution de l’énergie consommée par unité d’activité),
  • L’intensité carbone par unité d’énergie (la diminution de la quantité de carbone émise par unité d’énergie utilisée).

Chacune des pistes identifiées peut agir soit sur l’offre, soit sur la demande touristique et cela de manière complémentaire : par exemple, une offre de repas végétarien, des incitations financières pour les destinations locales ou les modes de déplacements bas carbone (via les chèques vacances par exemple), la rénovation énergétique des bâtiments, le développement du covoiturage et de l’offre ferroviaire, la structuration d’offres touristiques de proximité…

A ce titre, les attentes croissantes de certains consommateurs d’un tourisme plus local, et plus nature constituent un levier important pour contribuer à la fois à la relance du secteur et à la réduction de ses impacts CO2.

Zoom sur le Fonds Tourisme Durable

Doté d’une enveloppe de 50 millions d’€, le Fonds Tourisme Durable, est mis en place dans le cadre de France Relance – volet cohésion des territoires. Il est porté par l’ADEME et a pour objectif de soutenir via des aides financières, des opérateurs du tourisme dans leur démarche vers un tourisme qui tient pleinement compte des impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs. Il s’articule autour de 3 volets pour le soutien à la transition durable : la restauration via l’opération « 1 000 restaurants », les hébergements touristiques et le slow tourisme.

Les publics concernés sont les structures TPE-PME implantées sur le territoire français (en priorité dans les territoires ruraux) et portant une activité économique dans le secteur du tourisme en lien avec le volet concerné.

Pour les deux premiers volets, les structures de restauration et d’hébergements touristiques sont accompagnées par des partenaires de l’ADEME pour réaliser un diagnostic environnemental et un plan d’actions. La mise en œuvre de ce plan d’actions sera également soutenue par des aides, pour permettre une approche transversale de la transition écologique (énergie, déchets, eau, adaptation au changement climatique…). Le troisième volet (soutien au développement d’offres de slow tourisme passe) par un appel à projet national en deux vagues pour faire émerger de nouveaux projets. Tous les acteurs de la filière assimilés à des PME peuvent y participer.

Découvrir le dispositif d’aide Fonds tourisme durable

Découvrir l’appel à projets national Slow tourisme

 


[1] L’étude inclut à la fois le tourisme réceptif (séjours d’étrangers en France) et le tourisme interne (séjours de Français en France). Elle couvre le champ du tourisme au sens large, en incluant tant les touristes à proprement parler (séjour hors de l’environnement habituel supérieur à une nuitée) que les excursionnistes (séjour d’une journée à plus de 100 km du domicile), que ce soit pour des motifs personnels ou professionnels.

[2] Les émissions du secteur qui ont lieu en France (50 MtCO22e) rapportées à l’inventaire total national total (445 MtCO2e)

[3] Arrivée sur le lien du séjour

[4] Hébergement en résidence secondaire, chez de la famille, et chez des amis

[5] Hôtellerie, hébergement de plein air et hébergement collectif (résidences de tourisme, hôtelières, villages-vacances, auberges de jeunesse, colonies de vacances, centres sportifs)

[6] Hébergements touristiques proposés par des particuliers via des plateformes internet

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