Copenhague, Durban… les aboutissements peu tangibles des conférences internationales dédiées à l’environnement ces dernières années ont nourri un scepticisme croissant sur la capacité des pays à se mobiliser pour un développement durable mondial. Et les bilans environnementaux dressés la semaine dernière lors du sommet de la Terre Rio +20 n’ont fait que renforcer ce pessimisme ambiant. Vingt ans après le 1er sommet de la Terre, qu’a permis Rio +20 ?
François Loos, Président de l’ADEME, s’exprime sur Rio +20 dans Les Echos daté du 26 juin 2012.
A Rio, en 2012, l’Europe était aux avant-postes pour adopter une déclaration mondiale – « L’Avenir que nous voulons » – avec la conviction que l’heure n’est plus aux intentions, mais à l’action. Les marges de manœuvre sont là. Il s’agit de les activer, avec une volonté commune d’amélioration continue. Ici et ailleurs, du global au local, des solutions se mettent en place. Il convient de partager les expériences concluantes et d’assurer un vrai transfert de savoir-faire entre tous. Nous sommes allés à Rio pour montrer que l’on agit et comment l’on agit.
Mais ne nous arrêtons pas à Rio +20. Rio + 20 est une étape. Avant, pendant et après les négociations des Etats lors du premier sommet de la terre, la société civile est demeurée fortement mobilisée. Il doit en être de même à l’issue de ce sommet. Collectivités, entreprises, syndicats, associations, particuliers, nous devons rester actifs. Ne laissons pas la crise économique freiner nos efforts. L’économie verte fait partie intégrante de l’économie et ne peut plus être circonscrite au seul domaine de la responsabilité sociale et environnementale. Elle est porteuse d’emploi et de développement au Nord comme au Sud.
Il est nécessaire de transformer notre modèle de production et de consommation, comme notre modèle urbain.
Le modèle unique de la ville doit être banni. La ville durable sera celle qui réussira à s’organiser harmonieusement en fonction de son environnement, des évolutions démographiques, des mutations sociales, des facteurs culturels de ses habitants… La ville durable sera pensée de manière globale et fluide. Air, énergie, déchets, bruit… les territoires doivent se mobiliser sur tous les fronts pour répondre aux enjeux du développement durable.
Chacun peut agir, individuellement comme à l’échelle de l’entreprise ou de la collectivité. Les solutions concrètes existent déjà. De nombreuses expériences françaises le démontrent. Nous redoublons d’efforts pour donner les moyens aux acteurs locaux de passer à l’action. Les démarches exemplaires se diffusent sur notre territoire. Il faut à présent les démultiplier — en France, et partout ailleurs. Il faut éclairer par l’exemple. C’est ce que nous avons fait à Rio. Les réponses sont sur le terrain.
La France agit déjà : les bâtiments basse consommation et à énergie positive se multiplient, 133 hectares de zones urbaines sont en passe d’être réhabilités, 500 territoires sont en marche pour la mise en place de Plans Climat-Energie Territoriaux, près de 1 300 points noirs bruits sont gérés, 3 452 actions de réduction des déchets ont été mises en œuvre en 2011, 26 projets ont été sélectionnés l’an dernier dans le cadre des investissements d’avenir pour déployer des innovations environnementales… et il faut poursuivre.
Montrer que des changements s’opèrent, rassembler toutes les énergies et apprendre ensemble, ce sont les « indispensables » pour appréhender les vingt prochaines années avec des perspectives durables. Nous sommes allés à Rio avec cette volonté, pour en faire le sommet des actions possibles. Les résultats de Rio ne sont pas contraignants mais ils ne nous empêchent pas d’aller de l’avant. Et nous revenons de Rio avec la ferme résolution de continuer d’agir. Concrètement et pragmatiquement.
François Loos
Président de l’ADEME