« Nul n’est besoin de rappeler ici comment des mesures environnementales et sanitaires utiles ont explosé en plein vol du fait de leur caractère jugé anti-social. Pourtant, l’Angleterre, l’Allemagne ou encore le Portugal sont arrivés à mettre en place des zones de basses émissions dans de nombreuses villes… Mais nous ne désespérons pas : si les ZAPA (Zones d’Actions Prioritaires pour l’Air), n’ont pas abouti, elles ont eu le mérite de nous rappeler à quel point pédagogie et mesures d’accompagnement étaient des éléments incontournables d’acceptation des mesures par la société.» a souligné Bruno Lechevin, Président de l'ADEME, lors des 2èmes Assises nationales de la qualité de l'air qui se tiennent en ce moment à Paris.
En France, la pollution atmosphérique concerne directement 60% des citoyens. Les grandes métropoles sont les zones les plus concernées mais chacun peut être touché par cette problématique dans ses activités quotidiennes : transport, logement, agriculture…
Publié en septembre dernier par le Ministère de l'Ecologie, le bilan de la qualité de l’air 2012 montre une amélioration de la qualité de l’air extérieur par rapport à l’année précédente. Néanmoins de fortes disparités persistent selon la période de l’année et le territoire considérés :
- plus de 10 % des sites de mesures de dioxyde d’azote affichent des concentrations moyennes annuelles supérieures aux valeurs limites ;
- un événement de pollution d’ozone d’ampleur nationale a eu lieu au cours de la deuxième quinzaine du mois de juillet ;
- dans 16 agglomérations de plus de 100 000 habitants, au moins une station de mesure a dépassé plus de 35 jours la valeur limite journalière pour les PM10. Sept stations ont même dépassé la valeur limite annuelle, à Paris et Marseille notamment. Ces dépassements sont observés sur des stations de mesures situées à proximité du trafic routier.
L’Etat français est sous la menace d’une condamnation de la Cour de Justice de l’Union Européenne. Une procédure de contentieux européen a été ouverte par la Commission européenne pour les particules « PM10 » dans plusieurs zones du territoire national. Il existe également un risque de contentieux européen pour le dioxyde d’azote (NO2).
« …les chiffres parlent d’eux-mêmes et ce n’est donc pas uniquement par peur du gendarme européen et des contentieux en cours qu’il nous faut agir. C’est car la qualité de l’air, malgré l’ensemble des travaux et des progrès réalisés, reste un problème sanitaire et environnemental majeur et il nous faut donc poursuivre les efforts en matière de prévention et de réduction de la pollution atmosphérique. » a rappelé Bruno Lechevin.
La qualité de l’air intérieur constitue également une préoccupation sanitaire grandissante car nous passons entre 70% et 90% de notre temps dans les espaces clos.
Dans les bâtiments, les sources d’émissions de substances polluantes sont nombreuses : matériaux de construction, meubles, produits d’entretien, peinture, appareils de chauffage… Les composés se dégagent naturellement des matériaux ou sont émis via des processus de combustion.
Lors de ces 2èmes Assises nationales de la qualité de l'air , l'ADEME a souhaité diffuser un film d'animation – intitulé « On ne badine pas avec l'Aérosol » et réalisé par Fanny Mazoyer, Alexie Heimburger et Gaultier Durhin – permettant de mieux comprendre ce que sont les particules, leurs rôles et leurs effets sur la santé.
Les 2èmes Assises nationales de la qualité de l'air réunissent élus locaux, représentants de l’État, partenaires européens, fédérations professionnelles (transports, bâtiment), associations de citoyens, professionnels de santé, universitaires…
L'événement est l'occasion d'aborder les points suivants :
- Quelles actions déjà menées pour améliorer la qualité de l’air, et comment partager les retours d’expérience ?
- Quelles sont les conditions de réussite d’une action efficace en faveur de la qualité de l’air ?
- Comment mobiliser les différents acteurs, et articuler leurs rôles ?
A noter parmi les temps forts de ces deux journées, l'intervention de l’OMS sur "Pollution atmosphérique et cancer".