Le changement d’heure permet des économies en énergie et CO2 réelles mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en œuvre. Il s’inscrit dans un ensemble de mesures permettant de limiter les consommations énergétiques et de lutter contre le réchauffement climatique.
En 2010, une étude lancée par l’ADEME souhaitait actualiser les résultats de 2007 et évaluer plus précisément l’influence des usages du chauffage et de la climatisation à l’horizon 2030. Ces travaux intègrent les autres impacts du changement d’heure ainsi qu’une analyse comparative entre plusieurs pays.
Si sur l’éclairage, les gains se confirment bien (440 GWh), ceux sur les usages thermiques ne peuvent être évalués précisément. A l’horizon 2030, les gains totaux devraient s’améliorer (cf. synthèse ci-dessous).
Un gain confirmé et pérenne sur l’éclairage
Selon cette étude qui actualise les calculs d’économie d’énergie induits par le changement d’heure, le bénéfice (économie d’énergie) sur l’éclairage lié au changement d’heure est confirmé et devrait se maintenir à long terme.
En 2009, ces gains ont représenté de l’ordre de 440 GWh, soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages. Grâce à ces économies sur l’éclairage, 44 000 tonnes de CO2 ont ainsi été évitées, en considérant que, pour cette usage, 1 kWh consommé produit 100 gramme de CO2, l’éclairage faisant appel à des moyens de production électrique en partie carbonés.
Historiquement, le gain sur l’éclairage diminue pour plusieurs raisons : évolution des équipements avec l’introduction progressive de lampes basse consommation, éclairage public calé sur la nuit « solaire ». Néanmoins, à l’horizon 2030, les économies d’énergie engendrées par le régime d’heure d’été subsisteront même si le gain aura encore diminué à la faveur de la pénétration des technologies d’éclairage performantes dans le logement. Il devrait être de 340 GWh en tenant compte de l’augmentation des surfaces de bâtiments.
Les usages thermiques deviennent un enjeu
Un gain sur les usages thermiques, et notamment sur la climatisation a été étudié en détail et il s’avère que les baisses ou hausses de consommation induites par le changement d’heure n’apparaissent pas significatives en 2009. En revanche à l’horizon 2030, des gains additionnels de 130 GWh électrique pourrait être atteints du fait du changement d’heure à condition que des systèmes de régulation automatique soient installés pour respecter des consignes de température.
Considérant ces gains additionnel ainsi que ceux liés aux autres énergies de chauffage, les différents scénarii contrastés conduiraient en 2030 à une réduction globale des émissions de 70 000 à 100 000 tonnes de CO2 grâce au régime d’heure d’été.
Une économie en puissance électrique pour soulager le réseau électrique
Le changement d’heure permet par ailleurs un gain en puissance notable car les pointes de consommation d’avril, même si elles n’atteignent pas les niveaux du plein hiver, sont un enjeu important pour le système électrique. En effet, c’est au printemps, et à l’automne, que des risques élevés de marges insuffisantes de puissance sont observés.
En 2009, le changement d’heure a permis une diminution de 3,5 GW de la puissance appelée à 19h.
En 2030, cet avantage resterait en moyenne de l’ordre de 2 GW.
Benchmark et controverses
Il ressort des évaluations disponibles de dispositifs similaires dans d’autres pays (Japon, Etats-Unis, Australie) que chaque contexte est particulier (climat, isolation des logements, équipement en climatisation…) et donne des résultats ponctuels et non généralisables, que ce soit des gains ou pertes globales. La France apparaît en outre comme le pays ayant réalisé les évaluations les plus fines de cette mesure.
Toutefois, les études réalisées dans les différents contextes (notamment en Australie et Etats-Unis) soulignent que l’usage climatisation dans le résidentiel conduit systématiquement à une surconsommation avec le régime d’heure d’été. Ceci pourrait poser des problèmes à terme en France si les climatiseurs ne sont pas bien régulés.
L’étude a également passé en revue les controverses : perturbation des rythmes biologiques, activités agricoles, circulation routière… Peu d’études ont en fait été réalisées sur ces potentiels impacts négatifs et ces dernières s’avèrent rarement étayées par des arguments factuels.
Une mesure, quatre évaluations successives
En 1976, suite à la mise en place du régime de changement d’heure (dans le souci d’alléger la facture pétrolière à une période où l’électricité était produite largement à partir de centrales au fuel lourd), le gain d’une année sur l’autre avait été évalué à environ 450 GWh, exprimé à l’époque en tonnes équivalent pétrole, car il s’agissait bien de réduire la dépendance pétrolière.
En 1995, dans un contexte ayant fortement évolué, une nouvelle estimation fut réalisée par EDF. Celle-ci s’est basée sur une simple extrapolation des économies constatées physiquement en 1976, sans tenir compte de l’évolution des usages (lampes basse consommation, nouvelles utilisations…). EDF aboutit alors à une économie annuelle de 1 200 GWh, uniquement due à une moindre utilisation de l’éclairage, soit l’équivalent de la consommation d’électricité d’une ville de 500 000 habitants.
L’étude réalisée en 2007 par « Energies Demain », pour le compte du ministère et de l’ADEME, avec une approche ascendante (bottom-up), a intégré les nouveaux usages de l’électricité, l’évolution de certaines techniques ainsi que les changements dans les habitudes de consommation des utilisateurs, en mettant à profit l’expertise de l’ADEME et de RTE sur le sujet. 470 GWh étaient économisés annuellement par l’éclairage. Les premiers résultats sur les usages thermiques laissaient supposer des gains de l’ordre de 210 GWh.
En 2010, l’actualisation lancée par l’ADEME a notamment permis d’évaluer plus précisément l’influence des usages du chauffage et de la climatisation à l’horizon 2030.