Billet

[Écologie Industrielle et Territoriale] 3 questions à Cyrielle Borde

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu-clé pour le climat.

Ce mois-ci, Cyrielle Borde, pilote sur les appels à projets des Investissements d’Avenir « Industrie éco-efficiente »  et Écologie Industrielle Territoriale » de l’ADEME répond à 3 questions sur l’Écologie Industrielle et Territoriale

(c) ADEME
Cyrielle Borde (c) ADEME

Qu’appelle-t-on l’écologie industrielle et territoriale et quels sont ses grands enjeux ? 

Quel que soit son secteur d’activité, chaque acteur économique peut réduire son impact environnemental en essayant d’optimiser et/ou de valoriser les flux (matières, énergies,…) qu’il emploie et qu’il génère.

A titre d’exemple : vos déchets et co-produits, comme des copeaux de bois, peuvent devenir une matière première pour l’activité d’une entreprise voisine. C’est ce qu’on appelle des synergies. Il s’agit de mutualiser les flux entre acteurs locaux, à l’échelle d’une zone d’activité, d’une commune, d’un département ou d’une région.

L’EIT permet donc de satisfaire plusieurs grands enjeux pour un territoire donné, notamment :

  • Gains environnementaux grâce aux synergies de substitution comme la réutilisation de déchets ou la valorisation de chaleur fatale ;
  • Gains économiques grâce à la mutualisation de services comme les achats groupés d’énergie ou la mutualisation de collecte de déchets spécifiques ;
  • Création de cohésion territoriale par la mise en place d’une dynamique de coopération entre acteurs du territoire,
  • Maintien ou création d’emplois,
  • Création de valeur ajoutée locale par l’émergence de nouvelles activités économiques sur le territoire (exemple : création de débouchés pour certains matériaux jusqu’ici mis en décharge).

Quels sont les acteurs impliqués dans l’EIT (et quelles sont leurs actions) ?

Au niveau local, tous les acteurs sont impliqués : les régions, les collectivités, les entreprises ou associations d’entreprises, les chambres de commerce et d’industrie, etc. En effet, une démarche d’EIT se concrétise généralement par la création d’un poste d’ « animateur », chargé d’appuyer les entreprises pour les aider à faire émerger des synergies, au travers de différents moyens (réunions, ateliers d’échanges, etc.). Ce poste d’animateur peut d’ailleurs être co-financé par les directions régionales de l’ADEME, qui recrutent au travers d’appels à projets régionaux les territoires motivés pour initier des démarches d’EIT.

Autre acteur de référence dans le déploiement de l’Ecologie Industrielle et Territoriale, l’association ORÉE, qui s’est attelée à la construction d’un référentiel national d’évaluation des démarches d’EIT, cofinancé par l’ADEME et par le CGDD. Adaptée à la maturité des projets et à leur échelle territoriale, une batterie d’indicateurs permettra d’évaluer l’impact de ces démarches dans le temps, de les comparer et de les analyser. Cet outil devrait être finalisé et disponible, en ligne, fin 2016.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets d’application de EIT ?

Fin 2015, OREE recensait plus de 65 démarches d’EIT en cours en France. L’une des plus historiques et emblématiques, celle de la zone industrielle dunkerquoise où l’association ECOPAL œuvre depuis plus de 15 ans à la concrétisation d’échanges de flux entre entreprises. 450 entreprises ont été fédérées sur un rayon de 70 km autour de Dunkerque ce qui a généré des bénéfices environnementaux, économiques et sociaux : 2 500 t de déchets valorisées, 230 tonnes de CO2 économisés, 3 000 000 d’euros économisés et150 contrats professionnels générés au sein d’Ecopal. (source : http://www.ecopal.org/)

Il existe d’autres démarches plus récentes dont certaines sont présentées au sein du World Forum.

Je pense notamment au projet BIOTOP sur le territoire de La Rochelle, belle vitrine de l’EIT fédérant une soixantaine d’entreprises au sein du club d’entreprises de Périgny, qui a permis des synergies de mutualisation de collecte de déchets (par exemple : bois, palettes, déchets dangereux, …) et des synergies de substitution par exemple sur des sacs à café. (http://reseau-biotop.com/fr/ )

Bien sûr les exemples sont nombreux, et nous espérons voir se déployer de nouvelles démarches à l’avenir !

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