Communiqué de Presse

[Consommation collaborative] Des impacts environnementaux positifs… sous conditions

La consommation collaborative, définie comme « un échange de biens ou de services entre particuliers, à des fins d’usage », s’est développée très rapidement ces dernières années. Au-delà des espoirs économiques et sociaux qu’elle suscite, elle pose de nombreux défis, notamment environnementaux. Dans sa nouvelle étude parue ce jour, l’ADEME présente un état des lieux de 13 pratiques collaboratives potentiellement bénéfiques en termes d’impact environnemental, et précise les conditions nécessaires à la réalisation d’un gain environnemental.

Les 13 pratiques étudiées par l’ADEME sont les suivantes :

  • Mobilité : covoiturage courte distance, covoiturage longue distance et location de voitures entre particuliers ;
  • Echange de biens : location entre particuliers de matériel de bricolage et de jardinage, réemploi de vêtements, de mobilier, d’équipement électroménager et d’équipement audiovisuel de loisirs ;
  • Logement : mise à disposition de logement sur courte période en France et à l’étranger, colocation de proximité ;
  • Biens alimentaires : circuits courts dont communautés d’acheteurs locaux

Cette étude montre que le développement de certaines pratiques de consommation collaboratives a des potentiels de réduction des impacts environnementaux importants : le covoiturage courte distance permet d’éviter dans 80% des cas l’utilisation d’un véhicule seul ; l’utilisation d’une tablette pendant 4 ans au lieu de 2 grâce au réemploi améliore son bilan environnemental de 50%….

Cependant, pour concrétiser le potentiel de réduction des impacts environnementaux, le développement de la consommation collaborative devra être attentif aux conditions de mise en œuvre : consommer de manière collaborative ne signifie pas automatiquement consommer responsable. En effet, le gain environnemental dépend fortement de la pratique conventionnelle à laquelle la pratique collaborative se substitue.

 

Covoiturage : des bénéfices fonction du taux d’occupation des véhicules et de la pratique à laquelle il se substitue

L’impact environnemental d’un trajet par passager en covoiturage courte distance diminue d’autant plus que le taux d’occupation du véhicule augmente (-50% pour 2 passagers, -75% pour 4 passagers). En l’absence d’une solution de covoiturage courte distance, 80% des gens auraient pris leur voiture seuls et 20% auraient emprunté les transports en commun : même s’il existe un léger effet de substitution par rapport à des transports moins carbonés, le bénéfice environnemental de la pratique reste élevé. Aujourd’hui, la pratique de covoiturage courte distance est encore mineure, et le taux d’occupation moyen de remplissage (2,56 personnes) reste à optimiser. C’est donc une pratique à développer.

Concernant le covoiturage longue distance, même si le taux d’occupation moyen est élevé (3,5 passagers/véhicule en moyenne), il faut prendre en compte la pratique à laquelle ce covoiturage se substitue : 12% des personnes n’auraient pas voyagé en l’absence d’une offre de covoiturage et 63% des covoitureurs auraient pris le train. La réduction d’impact n’est que de 12% quand on prend en compte cette réalité de substitution (effet rebond inclus).

 

Echange de biens : des pratiques qui permettent d’augmenter la durée d’usage d’un même bien, mais attention à la logistique pour échanger !

La location et le prêt d’objets a un impact positif, comparé à l’achat de matériel neuf, car elle donne accès à du matériel qui était jusqu’à présent sous utilisé. Par exemple dans le cas d’une perceuse utilisée 24 fois par an en étant louée à 3 particuliers, les réductions d’impact sont d’environ 60% pour chaque utilisation par rapport à une utilisation simple individuelle. Attention cependant aux impacts dus au transport de l’équipement entre les différents usagers : la logistique peut générer des impacts négatifs évalués jusqu’à +60% par rapport à la pratique conventionnelle. La localisation du bien n’est donc pas à négliger, et la location entre voisins semble judicieuse du point de vue environnemental.

 

Dans le cas du réemploi et du don de biens, la durée de la seconde détention du bien est le paramètre qui influence le plus le bilan environnemental. Ainsi pour un lave-linge utilisé 10 ans dans un foyer, s’il est réutilisé dans un autre foyer sa durée de vie est rallongée de 3,6 ans en moyenne, ce qui réduit l’impact environnemental de 10%. La durée d’usage de certains biens est plus intéressante à prolonger que pour d’autres, notamment quand l’essentiel des impacts environnementaux se situent dans la phase de production (produits électroniques par exemple). Une tablette qui passe de 2 à 4 ans d’utilisation permet d’améliorer de 50% le bilan environnemental.

 

Logement partagé : attention à l’effet rebond

Concernant la location courte durée, la mise à disposition d’un bien entre particuliers a des impacts environnementaux difficiles à évaluer par rapport à la mise à disposition d’une chambre d’hôtel. En effet, à surface équivalente, le bilan environnemental du mix électrique du pays d’accueil peut radicalement changer les résultats d’un pays à un autre. Cependant, dès que la surface augmente, les impacts environnementaux du logement proposé par un particulier sont alors plus élevés. Attention également aux effets rebonds : la diminution des prix de la location peut augmenter le temps de séjour ou encourager les destinations plus éloignées (trajets en avion), ce qui contrebalance les éventuels bénéfices liés à la location courte durée chez un particulier.

Concernant la colocation de proximité, le bilan est positif surtout sur le partage des ressources communes (énergie…). Lorsque l’on vit à quatre plutôt que seul, on bénéficie d’environ 40% de réduction d’impact.

 

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