L’ADEME, GRDF et GRTgaz publient une étude sur la faisabilité technico-économique d’un gaz d’origine 100% renouvelable[1]. Aux Assises européennes de la transition énergétique, Bruno Lechevin, Président de l’ADEME, en présence d’Édouard Sauvage, Directeur général de GRDF et de Thierry Trouvé, Directeur général de GRTgaz, a présenté les principaux enseignements de cette étude. À partir d’hypothèses différentes sur le développement de chacune des filières de production et dans une dynamique d’amélioration de l’efficacité énergétique et de meilleure maîtrise de la consommation d’énergie, cette étude présente 4 scenarii, dont 3 correspondent à un mix gaz 100% renouvelable.
Un potentiel théorique de 460 TWh de gaz renouvelable
Le gisement de gaz renouvelable injectable estimé 460 TWh pourrait couvrir entièrement la demande de gaz en France à l’horizon 2050 selon tous les scenarii. Trois grandes filières de production de gaz renouvelable sont étudiées : la méthanisation (30% du gisement), la pyrogazéification (40%) et le power-to-gas (30%). Les potentiels techniques se basent sur les ressources disponibles qui n’entrent pas en concurrence avec les usages alimentaires et matières premières. Pour que ces potentiels soient accessibles en 2050, il sera nécessaire de lever les freins à la méthanisation agricole, de généraliser les cultures intermédiaires (cultures temporaires qui protègent les sols entre deux cultures de vente), de mobiliser davantage de ressources agricoles et forestières et de favoriser l’émergence de technologies à fort potentiel mais peu matures (pyrogazéification, gazéification des algues etc.).
Une demande de gaz de 276 à 361 TWh en 2050 peut être satisfaite par du gaz renouvelable pour un coût global compris entre 116 et 153€/MWh
Un mix gaz 100% renouvelable permettrait d’éviter les émissions directes d’environ 63 Mt CO2/an ce qui représente 12,6 milliards d’euros pour une taxe carbone à 200 €/t de CO2. La France renforcerait son indépendance énergétique et améliorerait sa balance commerciale. Selon le scénario étudié, l’étude établit que le coût du gaz renouvelable est compris entre 116 €/MWh et 153 €/MWh, incluant le coût de production, de stockage, d’utilisation et d’adaptation des réseaux gaziers[2].
Le montant des investissements nécessaire pour adapter les réseaux est raisonnable. La production massive de gaz renouvelable impliquera une gestion du réseau plus décentralisée et un recours aux stockages souterrains de gaz toujours important. L’étude montre aussi qu’il est possible de collecter la majeure partie des ressources en planifiant les adaptations des réseaux de gaz pour les rendre bidirectionnels (installations de rebours notamment).
La complémentarité du réseau gazier avec le réseau électrique constitue un facteur clé de succès de l’atteinte d’un mix énergétique fortement renouvelable
Cette étude vient conforter le fait qu’à fort niveau de production d’énergie renouvelable, les systèmes gaziers et électriques interagiront fortement et vont évoluer conjointement. Le power-to-gas permettra de valoriser les excédents de production d’électricité renouvelable en apportant une capacité de stockage intersaisonnier à l’électricité dans le réseau gazier. Le gaz renouvelable permettra aussi de contribuer à l’équilibre du système électrique avec des centrales thermiques alimentées par du gaz renouvelable permettant de fournir l’énergie en période de pointe.
[1] Plusieurs études ont déjà été publiées sur le vecteur électricité en 2050 : « Mix électrique 100% renouvelable ? Analyses et optimisations » (Ademe, Artelys, juin 2016) ; « Mix électrique 100% EnR en 2050 : quelles opportunités pour décarboner les systèmes gaz et chaleur ? » (Ademe, Artelys, 2017)
[2] Cette évaluation ne prend pas en compte d’éventuelles ruptures technologiques ou économies d’échelle d’ici à 2050.