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[Etude] La « consigne » du verre pour #réemploi

Le verre est un matériau très présent dans notre quotidien : bouteilles, bocaux, pots à confiture… La loi sur la Transition énergétique pour la croissance verte a incité au lancement d’expérimentations afin de développer la consigne, en particulier pour réemploi.  La Feuille de Route Économie Circulaire a rendu compte du très bon accueil des Français pour ce principe de la consigne pour réemploi, plébiscité par la majorité d’entre eux. Aujourd’hui, l’ADEME publie les résultats de ses travaux « Analyse de 10 dispositifs de réemploi-réutilisation d’emballages ménagers en verre ».

 

10 initiatives innovantes de réemploi du verre

Suite à un appel à candidatures lancé en 2016, l’ADEME a sélectionné 10 dispositifs de réemploi – réutilisation d’emballages ménagers en verre (avec ou sans incitation financière), certains plus anciens et d’autres encore à un stade d’expérimentation. Ainsi, des entreprises, des associations et des collectivités, mettent en œuvre des organisations pour réemployer les bouteilles. Tous ont été évalués, au travers d’une analyse technique, environnementale, économique et sociale et comparés avec des emballages à usage unique.


Chiffres clés en France :

  • Plus de 45% des emballages ménagers sont en verre
  • La collecte séparée du verre représente plus de 2 millions de tonnes/an
  • 85 % du verre recyclé en 2017
  • 227 000 T d’emballages verre (bouteilles) réemployés en 2017, essentiellement en cafés, hôtels, restaurants

 

Un impact global positif mais de réels freins dans la mise en œuvre

Dans l’ensemble, l’étude révèle que les dispositifs de réemploi d’emballage ménager en verre présentent, sous certaines conditions, un impact moins important sur l’environnement et un coût sur l’ensemble du cycle de vie plus avantageux que les systèmes utilisant un emballage verre à usage unique. Les paramètres clés de performance sont le nombre de réutilisation des bouteilles, le transport et les performances du lavage.

Néanmoins, des freins techniques existent et compliquent la mise en œuvre:  multiplicité des modèles de bouteilles, conception pour permettre leur ré-employabilité (résistance aux chocs et à l’usure pour permettre la collecte, le lavage et un nombre de réutilisations suffisant) ou encore présence d’étiquettes non-adaptées (ne partant pas au lavage). Il existe également des contraintes organisationnelles (place disponible, moyens humains, partage de la valeur), en particulier pour une collecte en grandes et moyennes surfaces, qui constitue un levier important de développement

 

Une pratique à généraliser, pour en démultiplier les bénéfices

La collecte du verre pour réemploi est encore insuffisamment développée vis-à-vis des particuliers au regard de leur attente. Comme le met en évidence l’enquête menée dans des points de vente, les consommateurs sont prêts à adhérer à ce type de dispositif, soit par conviction (action favorable à l’environnement), soit par intérêt économique (récupérer le montant de la consigne ou de la gratification).

Cette pratique, sur les boissons, est présente dans les milieux professionnels (cafés, hôtels, restaurants) malgré une perte de vitesse ces dernières années (choix d’autres matériaux et contraintes organisationnelles). La massification des volumes, entre ceux vendus auprès des particuliers et des professionnels (cafés, restaurants, hôtels), contribue à optimiser les dispositifs mis en place.

Les porteurs de projets (metteurs sur le marché ou autres entreprises/associations) sont les premiers à pouvoir engager une véritable dynamique. Pour cela, l’ADEME leur recommande de :

  • Impliquer les différents acteurs concernés (conditionneurs, distributeurs, opérateurs de la collecte/lavage, consommateurs) ou facilitateurs ;
  • Assurer la maîtrise la plus large possible de la chaîne de valeur de l’organisation ;
  • Internaliser et/ou mutualiser les moyens de lavage et disposer d’un éco-procédé de lavage performant ;
  • Impliquer et engager les distributeurs ;
  • Mettre en place des actions pour sensibiliser et impliquer les consommateurs de l’achat à la fin d’usage.

L’exemple de la brasserie METEOR 

L’entreprise METEOR produit de la bière en Alsace. Les bouteilles de 75 cL sont consignées et réutilisées en moyenne 19 fois, c’est-à-dire qu’une bouteille peut circuler pendant plus de 6 ans en moyenne. METEOR réalise l’embouteillage, la livraison de ses produits, la reprise des bouteilles sales dans les lieux de distribution et le lavage. Les grandes et moyennes surfaces (GMS) prennent en charges les coûts associés à la déconsignation des bouteilles.

A partir d’un nombre d’utilisations moyen de 1,55, le système avec réemploi METEOR présente pour tous les indicateurs environnementaux étudiés des valeurs chiffrées plus avantageuses par rapport au système sans réemploi.


 

Les acteurs publics territoriaux peuvent également contribuer à faciliter le développement de cette pratique en intégrant la question du développement du réemploi-réutilisation des emballages dans leurs politiques publiques (économiques, économie circulaire et déchets, agriculture de proximité…). Une mise en synergie des moyens (Chambre d’agriculture, Collectivités territoriales, CCI et représentants des organisations professionnelles locales).

Les dispositifs de réemploi d’emballages ménagers en verre constituent aussi un levier efficace pour accompagner le changement de comportement vers une consommation plus responsable.

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