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Véhicules particuliers : quelles #solutions pour limiter les #impacts #environnementaux ?

En France, les transports sont à l’origine de près de 30 % des émissions de CO2, et cette part n’a pas baissé ces dernières années. Les voitures particulières représentent 53 % de ces émissions, et constituent de loin le mode de transport le plus émetteur de CO2. Dans les grandes agglomérations, le transport routier peut représenter jusqu’à 30 % des émissions en particules fines, et plus de 60 % des oxydes d’azote. Les véhicules Diesel sont responsables de la quasi-totalité des émissions du secteur routier (95 % des émissions de particules et de dioxyde d’azote), alors qu’ils ne représentent que 62 % de véhicules en circulation. Les normes de qualité de l’air sont encore régulièrement dépassées dans de nombreux territoires. La mobilité de demain sera nécessairement multimodale et décarbonée ; l’utilisation des véhicules particuliers doit s’inscrire dans la transition énergétique et écologique et dans les objectifs de l’Accord de Paris (2015).

 

Le gouvernement a annoncé en ce sens le doublement de la prime à la conversion pour les 20 % de ménages les plus pauvres et les actifs non imposables qui sont obligés de faire de longs déplacements (salariés parcourant chaque jour 60 kilomètres pour aller travailler, indépendants). Elle atteindra ainsi 4 000 euros pour l’achat d’un véhicule thermique ou 5 000 euros pour un véhicule électrique ou hybride, neuf ou d’occasion. Près de 200 000 personnes ont déjà bénéficié de cette prime, et le gouvernement prévoit 100 000 bénéficiaires supplémentaires avec le doublement de l’aide. Le dispositif est valable pour les petites voitures citadines à essence, économiques en carburant et disponibles sur le marché de l’occasion à faible prix. Ainsi, un automobiliste qui effectue 50 km par jour et qui troque un modèle Diesel vieux de 20 ans pour acquérir un véhicule essence de 2010 (qui consomme 5L aux 100 km) peut faire des économies de 200 € par an, en plus de bénéficier d’une prime de conversion de 4000 euros, soit les quatre cinquièmes de son investissement. Autre exemple : même neuve, une Renault Zoé neuve de 2017 permet à son utilisateur 170 € d’économies par an, par rapport à une Renault Clio essence de la même année, toutes dépenses confondues (prix d’achat, carburant, entretien, assurances).

 

S’orienter vers des véhicules moins polluants

La liste des véhicules éligibles pour la prime à la conversion est disponible sur le site CarLabelling. Si le carburant ne représente en réalité qu’une fraction du prix de possession et d’utilisation d’une voiture (achat, assurance, entretien, stationnement, péage…), il est possible d’en consommer moins ou de s’en passer grâce à la prime à la conversion et au bonus écologique, une aide pour l’achat d’un véhicule qui peut atteindre 6000 €. L’ADEME recommande de se doter d’une voiture à motorisation hybride rechargeable, d’une voiture à motorisation électrique (au gain écologique certain sur l’ensemble du cycle de vie et surtout si l’usage est intensif), ou à défaut d’une voiture thermique économe en consommation de carburants. Les SUV (Sport Utility Vehicles), néfastes au porte-monnaie et à l’environnement, sont à éviter.

L’étude « Evolution du marché, caractéristiques environnementales et techniques, véhicules particuliers neufs vendus en France », propose un palmarès 2018 des voitures les moins polluantes. Les ventes de voitures particulières en France pour l’année 2017 s’élevaient à 2 304 119 unités, dont notamment :

1 098 485 véhicules essence ;

1 085 825 véhicules Diesel ;

90 002 véhicules hybrides ;

27 636 véhicules électriques.

La part des véhicules ayant un impact environnemental plus performant est en hausse. En 2017 ce marché a montré un très fort dynamisme avec (par rapport à 2016) :

+ 81 % de véhicules hybrides rechargeables (13 458 véhicules) ;

+ 50 % de véhicules hybrides non rechargeable (76 533 véhicules) ;

+ 27 % de véhicules électriques (27 626 véhicules).

On relève également l’arrivée sur le marché de véhicules à motorisation hydrogène (l’un d’entre eux figure pour la première fois dans l’édition 2018 du CarLabelling), notamment pour les flottes dites « captives » (un ensemble de véhicules sous gestion commune par une structure privée ou publique, qui s’approvisionnent à leur propre source de stockage de carburant).

Par ailleurs, depuis cinq ans, on observe chaque année une baisse des ventes de véhicules Diesel. En 2017, le taux de diésélisation est même passé en dessous de 50 % : les véhicules Diesel représentent 47,1% du total des ventes, contre 52,1% en 2016. Le durcissement de la fiscalité liée au Diesel, qui s’est traduit par la suppression du bonus pour ces véhicules et l’alignement de la fiscalité du gazole sur l’essence, a contribué à la baisse des ventes de ces véhicules. On observe en parallèle une tendance générale à l’augmentation moyenne de la puissance et du poids des véhicules, qui annule en partie la progression de leur efficacité énergétique.

 

Sortir de l’autosolisme

Selon les résultats du troisième Observatoire des mobilités émergentes réalisé par l’agence Chronos et l’Observatoire société et consommation (ObSoCo), avec le soutien de l’ADEME, deux tiers des automobilistes (67 %) déclarent « ne pas avoir la possibilité de choisir leur mode de déplacement ». Cette absence de choix est d’autant plus forte en milieu rural. Si le modèle historique de la voiture personnelle domine encore, l’étude montre aussi qu’il marque des signes d’essoufflement en France où le nombre d’utilisateurs quotidien de la voiture est passé de 59% à 50% entre 2016 et 2018, une baisse inédite. 64 % des Européens déclarent avoir modifié leur manière de se déplacer afin d’agir en faveur de l’environnement ces dernières années. Le MaaS (Mobiliy as a Service), solution de mobilité qui regroupe plusieurs modes de déplacement publics ou privés via une interface unique, suscite l’intérêt de 55 % d’entre eux.

En considérant ces tendances, et pour que la voiture individuelle devienne moins incontournable, les alternatives à l’autosolisme doivent être développées, en particulier le covoiturage qui permet des économies pour les particuliers et pour la collectivité. Covoiturer peut potentiellement permettre de réduire de 50% sa consommation. Il est adapté à tous les territoires, ruraux comme citadins, et peut se pratiquer sur des courtes comme sur des longues distances. En 2015, l’ADEME a réalisé une étude sur le covoiturage ainsi qu’une enquête auprès des utilisateurs du service BlaBlacar afin de comprendre leurs profils, leur utilisation du covoiturage et l’évolution de leurs pratiques de mobilité et de quantifier l’impact environnemental du service.

Ces études montraient que des freins sont encore à lever, notamment sur le covoiturage courte distance pour lequel les services sont encore à déployer. L’ADEME travaille au développement d’un système de preuve de covoiturage sécurisé dans la cadre de la Fabrique des mobilités qui permettra de favoriser le développement de services simples et fiables. Les initiatives publiques et privées se multiplient, comme celle de Blablalines, soutenu par l’ADEME dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir. Le futur forfait de mobilité durable devrait permettre aux salariés de bénéficier d’un remboursement de leurs frais de covoiturage et de vélo pour les trajets domicile-travail.

Enfin, pour les trajets de proximité, le vélo est une alternative de plus en plus reconnue, comme le montre l’annonce du plan vélo national en septembre, qui fixe une ambition de triplement de la part du vélo d’ici 2024. Les ventes de vélos à assistance électrique ont atteint 255 000 exemplaires en 2017, soit une progression record de 90% par rapport à 2016. Les services vélos permettent à leurs utilisateurs de réduire leur utilisation de la voiture. Par exemple, une étude de l’ADEME conduite l’an dernier a montré qu’un abonné au sein d’une consigne vélo en gare économise en moyenne 2200 km de déplacements en voiture par an. 12% des abonnés à une consigne vélo deviennent utilisateurs réguliers du TER à la place de la voiture. De même, la location de vélos à assistance électrique pendant un an diminue le trajet en automobile de l’abonné entre 650 et 1400 km. Dans leur globalité, l’ensemble des services liés au vélo permet en moyenne entre 140 et 550 kg de réduction des émissions de CO2 par usager et par an.

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