En septembre 2018, le ministère de la Transition écologique et solidaire et l’ADEME lançaient l’appel à projets Vélo & Territoire, premier du genre à l’échelle nationale. A l’heure de la clôture, survenue le 10 décembre, le service Transports & Mobilités de l’Agence a tiré un premier bilan.
L’objectif de cet appel à projets est d’accompagner les territoires afin de leur permettre d’anticiper le déploiement du plan vélo en soutenant la définition, l’expérimentation et l’animation de leur politique cyclable.
Trois types de projets sont soutenus :
- les études, soit de planification stratégique ou schéma directeur, soit de maitrise d’ouvrage pré-opérationnelle d’aménagement, soit de maîtrise d’œuvre opérationnelle d’aménagements d’itinéraires complexes.
- le développement de services vélos dans les territoires qui en sont peu dotés ou dépourvus et la mise en œuvre de services innovants.
- le recrutement de chargés de mission vélo et mobilités actives qui auront pour mission de mettre en œuvre les politiques cyclables et la conception de campagnes de communication à l’intention du grand public et notamment des jeunes.
L’appel à projets, qui suscitait beaucoup d’attente, a remporté un remarquable succès. Alors même que l’appel à projets visait les territoires de moins de 250 000 habitants (où la pratique du vélo est généralement en progression), l’ADEME a reçu pas moins de 165 candidatures pour le premier relevé, un record en la matière pour le service Transports et Mobilités. Ces candidatures représentent plus de 17 millions d’euros d’aides demandées pour un coût total des projets de 35 millions d’euros.
De la Bretagne à la Corse en passant par la Bourgogne Franche-Comté, des candidats sont recensés dans toutes les régions métropolitaines, sans exception, ainsi que dans certains territoires ultra-marins comme la Guyane et la Nouvelle-Calédonie. Malgré des disparités, la couverture du territoire est large et relativement homogène.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour découvrir la cartographie préparée par l’ADEME, présentant le nombre de projets déposés dans chaque région.
Avec le vélo, les villes moyennes et les territoires peu denses
s’engagent dans la transition écologique de leurs mobilités
Le succès sans précédent de cet appel à projets pour la mobilité est un signal fort qui témoigne de l’appétence pour le sujet dans les territoires peu ou moyennement denses. Il montre que le vélo n’est plus l’apanage des grandes agglomérations : le vélo est dorénavant considéré aussi comme une solution de mobilité en dehors des métropoles, tantôt à part entière, tantôt complémentaire des autres modes (en particulier du train) dans une approche intermodale. Les promesses de ses retombées nombreuses sur tous les plans (sanitaire, environnemental, économique) sont de mieux en mieux perçues par les territoires, qui ont longtemps délaissé les modes actifs. L’intégration du vélo dans ces espaces, au fort potentiel de « cyclabilité » (espace disponible, nombreux déplacements de courte distance, cadre de vie), apparaît beaucoup plus évidente qu’il y a quelques années à peine, renforcé par l’essor du vélo à assistance électrique (255 000 modèles vendus en 2017, et des ventes qui devraient au moins rester au même niveau en 2018).
Selon l’INSEE, pour les trajets domicile-travail inférieurs à 5 km, la part de la voiture s’élève à 60% environ tandis que le vélo reste très minoritaire (moins de 4%). L’ADEME a lancé ces dernières années plusieurs études pour caractériser le potentiel de report modal du vélo (depuis les autres modes). Une étude conduite en 2017 a montré qu’un abonné au sein d’une consigne vélo en gare économise en moyenne 2200 km de déplacements en voiture par an. 12% des abonnés à une consigne vélo deviennent de nouveaux utilisateurs réguliers du TER à la place de la voiture. De même, la location de vélos à assistance électrique pendant un an diminue le trajet en automobile de l’abonné d’au moins 650 km, et jusqu’à 1400 km.
Un intérêt généralisé, et des demandes centrées sur la planification des aménagements
Parmi les candidats, on recense des communes (au nombre de 24), des EPCI (117), mais également 2 départements, 5 parcs naturels régionaux, ou encore 14 syndicats et pôles d’équilibre territorial et rural. L’intérêt est général. Certains territoires se lance pour la première fois dans une politique en faveur du vélo pour faire émerger la pratique, d’autres, déjà engagés, veulent changer d’échelle dans leur politique et accélérer la dynamique de développement du vélo.
Une majorité de demandes intègre des études de planification des aménagements, pilier des politiques pro-vélo. De nombreux territoires souhaitent également expérimenter des services vélos, recruter des chargés de missions dédiés à cette thématique, ou encore lancer de grandes campagnes de communication.
Ces premiers résultats prometteurs s’inscrivent dans la recherche de solutions pour sortir de l’autosolisme, et viennent renforcer la dynamique de l’annonce du plan vélo, au moment où la ministre chargée des transports Elisabeth Borne annonce le lancement du premier appel à projets « Fonds mobilités actives – Continuités cyclables » pour la résolution des discontinuités cyclables.
Le vélo intéresse toutes les typologies de territoires, tous les types de collectivités, et ces collectivités veulent manifestement agir sur tous les aspects du système vélo (planification, stationnement, services, campagnes de communication). D’après la dernière vague de l’Observatoire des mobilités émergentes, deux tiers des automobilistes se sentent dépendants de la voiture individuelle et disent ne pas avoir d’autre choix. La modeste bicyclette, vieille invention du XIXe siècle, peut manifestement répondre à davantage de besoins de mobilité des Français et les territoires semblent prêt à s’en saisir.
Second relevé en cours pour l’appel à projet Vélo & Territoires
Un second relevé est d’ores et déjà ouvert (depuis ce 20 décembre 2018) pour une clôture prévue le 11 février 2019.
Dépôt des projets et informations sur :
https://appelsaprojets.ademe.fr/aap/VELO2018-109