Billet

#Électricité verte – 3 questions à David Marchal…

© I.Lubinetsky ADEME

 

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat.

Ce mois-ci, David Marchal, Directeur adjoint Productions et Énergies Durables de l’ADEME, répond à trois questions sur les offres d’électricité verte.

 

  • Qu’est-ce qui différencie des offres d’électricité verte d’offres d’électricité classiques ?

Lorsqu’on parle d’« électricité verte », on fait référence aux moyens de production. C’est l’électricité qui est produite uniquement et intégralement à partir de sources renouvelables. Aujourd’hui en France, l’électricité verte provient majoritairement de l’hydroélectricité, et dans une moindre mesure, de l’éolien, du solaire, de la biomasse, etc. Une fois injectée dans le réseau électrique, il n’est plus possible de distinguer l’électricité provenant d’installations d’énergie renouvelable (EnR), de l’électricité provenant d’installations non-EnR, qui représente la majorité de l’électricité, à plus de 70% en France par les centrales nucléaires.

En revanche, par convention, il est possible d’attribuer l’électricité verte produite par une installation d’énergie renouvelable à un contrat de consommation. La provenance contractuelle de cette énergie est garantie par un outil européen de traçabilité de l’origine de l’électricité : les garanties d’origine (GO), qui permettent au consommateur d’avoir la garantie qu’une quantité d’électricité équivalente à sa consommation a été produite par des énergies renouvelables.

Le nombre de clients ayant souscrit à une offre d’électricité dite « verte » est en forte augmentation en France. La demande a en effet plus que doublé en trois ans pour atteindre 5% de la consommation totale d’électricité en France. Dans le même temps, les fournisseurs ont élargi leurs offres pour répondre à cette volonté citoyenne de soutien aux énergies renouvelables (EnR). En 2017, pas moins de 18 fournisseurs proposaient des offres d’électricité verte.

 

  • L’ADEME différencie des offres d’électricité verte « standard » et « premium ». A quoi correspondent les offres « premium » ? Quels fournisseurs les proposent ? S’abonner à une offre « premium » coûte-t-il plus cher au consommateur ? 


Face à la multiplicité des offres d’électricité dites « vertes » et à l’intérêt croissant des citoyens pour les énergies renouvelables, l’ADEME vient de publier un avis qui recommande de clarifier les différentes offres disponibles grâce à un référentiel, et de créer un label lisible et identifiable pour le consommateur. En effet, toutes les offres d’électricité verte ne sont pas équivalentes. L’ADEME établit une distinction entre des offres qualifiées de « standard » et d’autres de « premium ». Une offre « standard » se limite à un achat séparé de l’électricité et des garanties d’origine. L’électricité est achetée en général sur le marché et peut provenir de n’importe quelle source de production. Les GO sont achetées en parallèle à moindre prix et proviennent majoritairement d’installations hydrauliques européennes. Une offre « premium » implique en revanche l’achat de l’électricité et des GO au même producteur, généralement des petits producteurs d’hydroélectricité français. A notre connaissance, 4 fournisseurs proposent une offre « premium » : Enercoop, Ilek, Energie d’Ici et EkWateur (uniquement l’offre « petits producteurs indépendants » pour ce dernier).

Sans clarification des critères de comparaison entre les offres, ces distinctions sont difficiles à établir par les consommateurs. Or, il est important que ceux qui souhaitent s’engager dans une démarche de consomm’action puissent choisir des offres qui ont un impact environnemental additionnel.

  • L’essor des offres d’électricité verte peut-il permettre de faciliter la progression des énergies renouvelables ?

L’ADEME constate que la multiplicité des offres n’a jusqu’à présent pas contribué au développement de nouvelles installations. En effet, le complément de prix associé à une GO est insuffisant pour inciter un producteur à développer une capacité d’EnR en dehors des mécanismes de soutien public à la production d’énergies renouvelables (tarif d’achats et complément de rémunération).

En souscrivant une offre d’électricité « premium », un consommateur donne toutefois de meilleures conditions de rémunération et d’exploitation à des installations d’EnR existantes. Et, dans un futur assez proche, avec la baisse des prix des renouvelables (photovoltaïque et éolien notamment), ce type d’offre pourrait contribuer directement au développement de nouvelles installations renouvelables : en effet, ces fournisseurs pourraient commander, pour répondre à la demande croissante de leurs clients, la réalisation de nouvelles installations qu’ils financeraient intégralement, sans mécanisme de soutien public.

En attendant la mise en place des recommandations de l’ADEME, et même si les offres d’électricité verte n’ont pas toutes le même niveau d’ambition, le choix d’une offre d’électricité verte est un signal donné par le consom’acteur au marché, au monde politique et aux fournisseurs. Il reflète un intérêt pour la transition énergétique et écologique. L’ADEME appelle à préférer, le cas échéant, la souscription d’une offre verte « premium »

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