Billet

#Agriculture #EfficacitéEnergétique – 3 questions à Nicolas Tonnet…

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat.

Ce mois-ci, Nicolas Tonnet du service Forêts, Alimentation et Bioéconomie, répond à trois questions sur l’efficacité énergétique dans les exploitations agricoles.

 

Que représente le secteur agricole dans la consommation totale d’énergie de la France ?

La consommation d’énergie finale de l’agriculture représente 3% de la consommation totale d’énergie de la France. En moyenne, c’est 13 000 euros de dépenses énergétiques annuelles (valeur hors taxes en 2015) par exploitation ce qui constitue une charge économique non négligeable pour les exploitants qui représente de 7 à 20 % des charges variables des exploitations, selon les productions et les années.

A cela s’ajoute l’énergie indirecte, c’est-à-dire nécessaire pour produire les des produits utilisés (notamment engrais azotés et aliments pour les animaux) qui représente de 50 % à 60 % de la consommation d’énergie totale.

Quelles sont les activités et usages les plus consommateurs d’énergie ?

Le bilan énergétique du secteur est dominé par les produits pétroliers qui représente 75 % de la consommation énergétique agricole en 2015, suivis par l’électricité (16 %) et le gaz (6 %). Le principal poste de consommation, et donc de dépense énergétique, est le machinisme agricole avec les tracteurs, engins automoteurs et véhicules utilitaires (60 % de la consommation d’énergie). Viennent ensuite le poste bâtiments d’élevage (11 %) et les serres et abris haut (10 %).

Les exploitations en grandes cultures, en bovins lait et en maraîchage sous serres totalisent les plus fortes consommations d’énergie et charges économiques liées. Elles sont de ce fait les plus sensibles aux variations des prix de l’énergie.

Comment les exploitants agricoles peuvent-ils réduire leurs consommations ? Quels sont les objectifs à moyen terme ? Par quels moyens ?

De multiples solutions aussi bien technologiques qu’organisationnelles existent et permettraient de réduire significativement la consommation énergétique du secteur agricole (diminution de 26 à 45 % à l’horizon 2050 selon leur niveau de déploiement). Concernant les consommations de carburant agricole, les économies d’énergie sont principalement possibles par la mise en œuvre de pratiques du sol simplifiées (labour moindre, travail des sols moins en profondeur), de nouvelles associations de cultures, d’une réorganisation du parcellaire des exploitations et de la modification des modes d’élevage des herbivores. Pour les productions animales, deux orientations se dessinent et se développeront conjointement, l’une basée sur des systèmes d’élevage principalement « en bâtiment » utilisant les technologies économes en énergie (ventilateurs économes, récupérateur ou échangeur de chaleur) et l’autre basée sur des systèmes d’élevage avec plus de phases en extérieur pour les animaux (limitant les consommations des bâtiments).

Afin d’accompagner cette transition, il est nécessaire d’agir à la fois sur l’aide à l’investissement et sur les changements de comportements et de pratiques agricoles. Au-delà des dispositifs d’aide à l’investissement qui restent indispensables, la multiplication et l’animation de démarches collectives territoriales constituent un levier fort. Elles facilitent l’implication des agriculteurs, leur passage à l’acte et le partage de connaissances. A ce titre, les groupes existants ou à créer tels que les GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental), les CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), les CETA (Centre d’Etudes Techniques Agricoles), les groupements de producteurs et notamment les coopératives agricoles qui s’impliquent dans des démarches de progrès sur l’énergie auront un rôle essentiel à jouer.

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