Billet

Valorisation des #déchets : 3 questions à Karine Filmon

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat.

Ce mois-ci, Karine Filmon, cheffe de service adjoint « Mobilisation et Valorisation des déchets » répond à 3 questions sur la valorisation des déchets.

1 – Quels sont les déchets majeurs que l’on retrouve dans les poubelles des ménages ?

La connaissance de la quantité et de la composition des déchets ménagers et assimilés (DMA) est un élément clé de la politique de gestion des déchets : elle constitue une véritable aide à la décision dans les choix techniques et organisationnels et dans le suivi des politiques publiques en permettant de définir des actions de prévention et de faire évoluer les filières de valorisation après collecte. L’ADEME a réalisé en 2017 une campagne nationale de caractérisation des DMA dite MODECOMTM 2017 faisant suite aux deux précédentes menées en 1993 et 2007.

Les 1ers résultats de cette campagne nationale vont bientôt être rendus publics. Ils montrent que les poubelles des ménages sont composées à plus du tiers par des éléments dits putrescibles qui sont des flux qui peuvent faire l’objet d’une valorisation organique, via le compostage ou la méthanisation. En effet, la réglementation française (LTECV – Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte) fixe un objectif de généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici 2025, c’est-à-dire que chacun devra avoir accès à une solution de gestion de proximité (composteurs individuels, partagés…) ou à un service de collecte ad-hoc.

Plus de 40% des Ordures Ménagères Résiduelles (OMR) sont des flux ciblés par des filières de recyclage existantes : cela concerne notamment les papiers, les emballages, le verre, le carton, les plastiques. Des marges de progression subsistent donc toujours sur le déploiement et le respect de l’ensemble des consignes de tri ! Les matériaux collectés peuvent être ensuite triés pour être utilisés par les industriels « recycleurs » dans la fabrication de nouveaux produits : on évite ainsi l’épuisement de ressources naturelles !

Les gestes de prévention sont les plus efficaces pour réduire notre production de déchets ! Nous pouvons tous réduire la quantité de déchets jetés en faisant attention à ce que nous achetons, en utilisant mieux les produits, les équipements, les objets, en les réparant ou en leur offrant une seconde vie.

2 – Comment peut-on réduire nos déchets au quotidien ?

Actuellement, chaque ménage produit environ 568 Kg de déchets par an qui se retrouvent dans nos poubelles, dans les conteneurs de tri ainsi que dans les déchèteries. C’est deux fois plus qu’il y a 40 ans !

Des solutions existent pour alléger nos poubelles : donnez, vendez, réparez, compostez, réutilisez et réduisez le gaspillage alimentaire.

Tout d’abord, le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas ! Mieux consommer est la première démarche à entamer pour diminuer le volume de nos poubelles : cela signifie intégrer avant l’achat une réflexion sur ses réels besoins et tendre vers un mode de vie plus sobre. Ne pas céder à la mode, faire une liste de course, regarder les dates de péremption ou encore se poser la question si une location, une co-propriété, un prêt ou un partage ne pourrait pas être envisagés sont des actions très utiles.

Lors de l’achat, des gestes simples peuvent éviter des déchets futurs : choisir des produits sans suremballage ou en vrac, préférer des produits durables et réparables ou encore avec un label environnemental.

Enfin, bien utiliser les produits, les entretenir, les faire réparer permet d’augmenter leur durée de vie et de limiter les déchets. Lorsque nous désirons nous séparer d’un objet, plutôt que de le jeter, nous pouvons nous renseigner pour le donner, le vendre ou pour trouver une voie de recyclage. Beaucoup de modes de collecte peuvent exister selon les produits (enlèvement à domicile pour les encombrants ; collecte dans certains magasins pour les piles ; conteneurs dans la rue pour les textiles ; collecte chez les pharmaciens pour les médicaments non utilisés ; etc.)

Les produits que nous achetons et consommons ont des impacts considérables sur l’environnement, notamment en fin de vie. Bien informés, nous pouvons faire des choix plus écologiques mais aussi plus économiques !

Plus d’infos sur le site Ça Suffit le Gâchis et sur le site de l’ADEME.

3 – Le compostage est-il adapté à toutes les habitations ?

À la maison comme au jardin, nous produisons des déchets organiques (épluchures de légumes, restes de repas, tontes de gazon, feuilles mortes, tailles de haies…). Ils composent plus du tiers de notre poubelle d’ordures ménagères. Bonne nouvelle, il existe des solutions pour leur offrir une nouvelle vie. Nous pouvons les valoriser et les recycler nous-mêmes grâce notamment au compostage.

Pour composter, il n’est donc pas indispensable d’avoir un jardin : le compostage en pied d’immeuble se pratique dans de nombreuses villes. Ce compostage partagé peut se réaliser à l’échelle d’une résidence (en pied d’immeuble) ou d’un quartier. Voici quelques conseils pour réussir :

  1. Disposer d’une place suffisante, choisie en concertation avec les habitants,
  2. Bien s’organiser et s’assurer de l’implication durable des participants,
  3. Avoir une personne référente qui ait bénéficié d’une formation pratique au compostage,
  4. Prévenir la mairie qui pourra proposer des actions d’accompagnement.

En appartement, le lombricompostage ne nécessite qu’une place réduite. Cette pratique, idéale lorsqu’on vit en appartement, permet de composter les déchets de cuisine grâce à des vers de terre. Ils minéralisent rapidement les matières organiques dans le volume réduit d’un lombricomposteur.

Des collectes séparées des biodéchets ou des points d’apport volontaire peuvent aussi exister : il faut se renseigner auprès des collectivités locales.

Ces pratiques, inspirées du processus de régénération dans la nature, améliorent la fertilité de la terre de nos jardins ou de nos plantes en pot, sans produits chimiques. Un geste doublement bénéfique : nous réduisons les déchets produits et nous faisons du bien à nos plantations. En plus, c’est facile et c’est gratuit !

Plus d’infos sur le guide « Compostage et Paillage »

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