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Stratégie #climat de long terme de l’Union européenne – Les recommandations de l’ADEME

D’ici à 2020, les 28 États membres adopteront la stratégie de long terme sur le climat de l’UE. Afin de contribuer aux discussions en cours dans les instances européennes, l’ADEME, en tant que producteur de scénarios de prospective énergétique au niveau français, a souhaité apporter une analyse et des recommandations sur les travaux de la Commission européenne. Dans une note publiée ce jour, l’Agence tient à saluer la qualité de ces analyses et constate de nombreux points de convergence avec les travaux français. Elle estime par ailleurs que les nouveaux objectifs de neutralité carbone en 2050 impliquent de rehausser l’ambition des objectifs européens pour 2030 (efficacité énergétique et part d’énergies renouvelables). Ceux-ci s’avèrent en effet insuffisants pour assurer un équilibre réaliste entre les efforts assumés dès maintenant et ceux laissés à la génération suivante.

Le 28 novembre 2018, à la demande du Parlement et du Conseil européen, la Commission européenne a publié une proposition de stratégie à long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’Union européenne, conformément à l’Accord de Paris : « Une planète propre pour tous – Une vision européenne stratégique à long terme pour une économie prospère, moderne, compétitive et neutre pour le climat ». Cette stratégie, qui comporte 8 scénarios différents, indique le cap à suivre pour la réalisation des objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris.

Fixer un objectif ambitieux pour atteindre la neutralité carbone

L’ADEME est convaincue que l’Union européenne doit maintenant, au vu des derniers travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, se fixer un objectif ambitieux permettant d’atteindre la neutralité carbone. Parmi les 8 scénarios proposés par la Commission, seuls deux d’entre eux visent cet objectif de 1,5°C de réchauffement maximum. Les 6 premiers, s’ils permettent d’approfondir certaines alternatives techniques, ne sont, du point de vue de l’ADEME, pas assez ambitieux.

Parmi les deux scénarios à 1,5°C, l’ADEME exprime une préférence pour le scénario « 1,5°C sustainable lifestyle », compte tenu de sa cohérence avec l’objectif français de diviser par 2 la consommation d’énergie finale en 2050.

 

Des recommandations méthodologiques

L’ADEME préconise que les scénarios soient déclinés par État afin de faciliter la comparaison avec les exercices nationaux mais aussi de renforcer les enjeux de solidarité inter-états.

L’Agence recommande également d’inclure la dimension « empreinte » et de ne pas se limiter à la comptabilisation des émissions territoriales. Pour mieux comprendre, à titre d’exemple, les émissions de gaz à effet de serre actuelles en France en « empreinte » (c’est-à-dire intégrant les émissions importées) sont 1,7 fois plus importantes que les émissions territoriales.

L’ADEME considère par ailleurs que la logique de construction des scénarios de la Commission reste trop focalisée sur les choix technologiques et pas assez sur l’évolution des usages notamment d’alimentation et de mobilité. Elle recommande d’y accorder une plus grande attention car cette nécessaire évolution constitue un facteur clé pour réussir la transition.

Enfin, les scénarios proposés et les analyses effectuées par la Commission pourraient :

  • davantage prendre en compte les autres enjeux environnementaux tels que la pollution de l’air ou encore de l’eau ;
  • être plus précis au sujet des mesures proposées, comme la fiscalité carbone ;
  • mettre davantage en avant les enjeux d’équité propres à la Transition.
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