Paris, jeudi 19 septembre 2019 – La nouvelle édition du baromètre GreenFlex de la consommation responsable (créé en 2004) interroge en profondeur la manière dont les Français et les Européens vivent leur consommation et leur rapport à la société. Cette étude, soutenue par l’ADEME, a été réalisée par l’institut de sondage YouGov [1].
Sur fond d’urgence écologique et de mobilisations citoyennes, les enseignements du baromètre 2019 éclairent tout d’abord les tendances de consommation de demain en France :
1. Le modèle de société est à bout de souffle
▪ 60 % des Français se disent inquiets de l’état de la planète et pensent qu’il est urgent d’agir.
▪ 86 % aimeraient vivre demain dans une société où la consommation prend moins de place.
▪ Pour la première fois, plus d’un Français sur deux (57 %) estime qu’il faut « complètement revoir notre système économique et sortir du mythe de la croissance infinie », loin devant le fait d’améliorer l’existant.
2. La « consommation responsable » est centrale mais critiquée
▪ 67 % des Français disent avoir changé certaines de leurs pratiques et 13 % déclarent faire tout leur possible pour réduire l’impact de leur consommation. Cela passe notamment par un engouement croissant pour les produits « durables » : bios, locaux, naturels, sans parabènes ou conservateurs…
▪ Néanmoins, les Français ont développé une maturité et un recul plus fort qu’en Europe. Pour reprendre l’exemple du bio, il n’est plus perçu comme la solution magique : 8 Français sur 10 (82 %) déclarent que les « produits bio ne se valent pas tous ». Ils sont même 84 % à préférer acheter des fruits/légumes locaux et de saison que des fruits/légumes bio qui viennent d’un autre pays.
3. La sobriété fait son chemin
▪ Les Français revoient leur définition de la consommation responsable : ils ont conscience que la consommation de produits durables ne suffit plus (-15 points depuis 2017), mais qu’il faudrait plutôt supprimer le superflu (stable) et réduire sa consommation en général (+13 points). Ce phénomène émerge déjà dans leurs habitudes d’achats : à titre d’exemple, dans le secteur des produits cosmétiques et d’hygiène, plus de 2 consommateurs sur 3 (70 %) disent acheter moins de produits.
▪ D’autres formes d’engagement, hors de la consommation, se développent : soutenir l’emploi local, s’investir dans son territoire. Les Français désirent également avoir un métier qui a plus de sens (59 %, soit plus d’un actif sur 2).
4. Les entreprises sont attendues au tournant
▪ Les Etats sont dorénavant perçus par les Français comme l’acteur numéro 1 du changement devant le couple « individus » et « entreprises/marques », à égalité.
▪ Ceci s’explique notamment par une vision négative des entreprises et des marques :
o La défiance envers les grandes entreprises est toujours au plus haut : seuls 27 % des Français leur font confiance. Ce sont 31 points perdus depuis 2004 !
o Pour nos compatriotes, les entreprises/marques incitent à la surconsommation et nous poussent, par exemple, à renouveler sans cesse notre garde-robe (91 %) ou nos appareils électroniques (92 %).
Les résultats obtenus à l’échelle européenne (Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, Suède) confirment et renforcent la nécessité pour les entreprises de prendre le sujet à bras le corps :
▪ Le constat d’une société (de consommation) à bout de souffle est partagé par tous les pays sans exception.
▪ Le plastique émerge derrière le climat comme le nouveau symbole des dérives d’un système dont les Européens ne veulent plus.
▪ L’envie d’agir est partout présente, bien qu’elle revête assez logiquement des formes différentes dans chaque pays.
▪ Si tous se posent en acteurs du « consommer mieux », la France émerge comme l’exception européenne sur le « consommer moins » et le « faire autrement.
Stéphane Petitjean, directeur conseil chez GreenFlex, explique : « Lassés des injonctions à la surconsommation, les citoyens européens interrogés en appellent à une consommation plus responsable. Les Français vont jusqu’à soulever la question d’une autre consommation, mettant les entreprises face à la nécessité d’innover. Entre empêcheuse de tourner en rond et esprit critique, la France apparaît ainsi comme un laboratoire privilégié de cette nécessaire transformation ».
[1] Echantillon de 6 000 répondants en France et de 2 000 répondants par pays en Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne et Suède