Billet

#Mobilité – 3 questions à Elodie Trauchessec…

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu pour le climat.

Ce mois-ci, Elodie Trauchessec, ingénieure au service « Transports et Mobilité » répond à 3 questions sur la mobilité aujourd’hui.

 

Pourquoi la mobilité de chacun représente un tel enjeu pour le climat ?

En France, le transport représente 30% des émissions de gaz à effet de serre (GES) et il ne cesse d’augmenter. C’est le 1er secteur contributeur au changement climatique et nos objectifs de réduction sont très ambitieux. Le projet de loi d’orientation des mobilités en cours d’examen affiche un objectif de réduction de 37,5% des émissions de GES en 2030 par rapport à 2021 et la fin de la vente des véhicules utilisant des énergies fossiles pour 2040.

Plus de la moitié de ces émissions provient de la circulation des voitures individuelles. La mobilité quotidienne des français, qui repose en grande majorité sur la voiture, représente donc un enjeu très significatif pour le climat, et la transformation de nos comportements et choix de mobilité est indispensable pour atteindre nos objectifs climatiques.

Aux enjeux climatiques s’ajoutent les enjeux sanitaires (pollution de l’air…), territoriaux (accessibilité des territoires…), sociaux (accès à l’emploi…) … la mobilité occupe une place centrale dans la transition écologique et solidaire et elle devra être décarbonée, inclusive, accessible et intelligente.

 

Quelles sont les alternatives aux voitures personnelles pour les déplacements quotidiens ?

Près de 70% de nos déplacements quotidiens s’effectuent aujourd’hui en voiture, y compris pour des déplacements de quelques kilomètres. Dans 75% des cas, ces trajets se font seul.

En ville, il existe de nombreuses alternatives à la voiture individuelle : marche, vélo, Vélo à Assistance Electrique (VAE), transport public, covoiturage… ces alternatives peuvent être combinées pour un même déplacement. D’autant que les contraintes croissantes sur la circulation et le stationnement des voitures rendent ces solutions particulièrement efficaces. Le vélo est souvent plus rapide que la voiture !

Par ailleurs, le développement des véhicules en partage (vélo, trottinette, scooter, voiture…) offre une solution motorisée individuelle et flexible qui remet en question la nécessité de posséder une voiture, généralement utilisée 5% du temps.

Cette multiplicité d’offre favorise l’émergence d’une mobilité multimodale : à chaque déplacement son mode en fonction des contraintes et offres disponibles !

En périphérie et en campagne, l’offre est beaucoup moins dense et les distances à parcourir plus importantes : l’accès à la mobilité est donc un enjeu fort pour les ménages. On peut toutefois y voir émerger deux alternatives :

  • le Vélo à Assistance Electrique (VAE) qui permet de couvrir des distances plus importantes à moindre effort. Il peut également se substituer à la voiture en rabattement vers une gare ou un arrêt de transport en commun. De nombreux territoires peu denses se lancent ainsi dans la réalisation de schéma d’aménagements cyclables et la mise en place de services vélo.
  • le covoiturage permet à moindre coût pour la collectivité et pour les ménages de pallier l’absence de transports publics. Des plateformes publiques et privées s’implantent ainsi dans les territoires, y compris ruraux, pour proposer des offres de covoiturage solidaire ou à coûts partagés.

Enfin, lorsque l’on ne peut pas faire autrement qu’utiliser une voiture individuelle, choisir un véhicule le moins émetteur possible (petit, léger, de faible puissance…) permet déjà de rendre plus durable sa mobilité quotidienne !

 

Peut-on considérer qu’aujourd’hui la mobilité a évolué ?

Nous vivons actuellement une phase de transition, d’une culture de la voiture individuelle possédée à une culture de mobilités partagées et servicielles adossée à une culture de démobilité (suppression des déplacements inutiles, visioconférences, télétravail…).

Cette évolution est facilitée par l’augmentation continue de la population, une urbanisation de plus en plus dense et l’explosion des services et objets de mobilité rendue possible par le numérique.

Sur tout le territoire, cette révolution, déjà visible dans les grandes villes, doit se traduire par deux évolutions majeures :

  • Passer d’une mobilité utilisant un seul mode (en général, la voiture) à une mobilité utilisant différents modes selon les trajets (multimodalité) ou dans un même trajet (intermodalité).
  • Adapter le mode de transport utilisé à chaque trajet et usage plutôt qu’utiliser un véhicule surdimensionné pour tous les usages.

Elle ne pourra se faire qu’avec le support des politiques locales pour développer l’offre de services de mobilité tout en contraignant l’usage de la voiture en ville.

Consulter la suite