Billet

Le rapport des jeunes à l’environnement- 3 questions à Valérie Martin

Chaque mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat. Ce mois-ci, Valérie Martin, cheffe du service Mobilisation Citoyenne et Médias à l’ADEME répond à 3 questions sur le rapport des jeunes à l’environnement. 

 

Quelle place occupe l’environnement dans le classement des préoccupations des jeunes ?

Dans une récente étude réalisée par le CREDOC pour l’ADEME, le constat est clair : l’environnement constitue un enjeu majeur pour les jeunes adultes (18-30 ans) en 2019 et se situe en tête de leurs préoccupations (32 % des réponses) devant l’immigration (19 %) et le chômage (17 %). C’est le plus haut niveau de préoccupation jamais enregistré en 40 ans de suivi de cet indicateur dans l’enquête Conditions de vie du CRÉDOC ! Si on analyse de plus près le détail des réponses, on peut noter que parmi les problèmes environnementaux, le réchauffement climatique arrive en tête (41 %), suivi par la disparition d’espèces végétales et animales (39 %). Plus spécifiquement, ce sont les 15-17 ans, les jeunes urbains et les diplômés du supérieur qui se déclarent les plus soucieux de la dégradation de l’environnement. Ces chiffres sont à comparer avec ceux issus du Baromètre 2019 « Représentations sociales du changement climatique »  de l’ADEME où là aussi l’environnement apparaît pour la première fois comme l’enjeu le plus important aux yeux des Français, le changement climatique étant considéré comme le problème le plus préoccupant (33%) devant la dégradation de la faune et de la flore (20%). Nous avons donc une jeunesse française qui est non seulement convaincue de la réalité du changement climatique mais aussi de sa gravité. En effet, les jeunes sont persuadés que « le monde va être profondément bouleversé par le dérèglement climatique » avec 60 % des 15-24 ans qui pensent que « le changement climatique ne sera pas limité à des niveaux acceptables d’ici à la fin du siècle » et 75 % des 15-24 ans qui pensent que « les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles si le réchauffement continue ».

Ces chiffres sont également en cohérence avec les résultats de l’étude #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay réalisée pour l’ADEME en septembre 2019, où au total 94 % des jeunes entre 18 et 30 ans ont conscience de l’importance d’agir en faveur de la planète.

Les jeunes passent-ils davantage à l’action que leurs ainés ?

Si les jeunes sont concernés par la transition écologique, et très sensibilisés à la question, la question d’une jeunesse plus engagée que ses ainés se pose. L’étude menée par le CREDOC montre ainsi que leurs comportements au quotidien ne sont pas bien différents de ceux des générations plus âgées. Cependant, les jeunes sont assez lucides sur leur niveau d’engagement au quotidien en matière de gestes écologiques. Ainsi, dans l’étude #moiJeunes, 20 Minutes-OpinionWay, ils ne s’attribuent que la note de 6,3 sur 10 en termes d’action et de gestes écologiques au quotidien. Cette note traduit un certain réalisme de leur part, ces dernier se sentant parfois limités dans leur champ d’action. En matière de bonne pratique, les jeunes adultes passent davantage à l’action lorsqu’il s’agit de se déplacer au quotidien. Ils privilégient le train, les transports en commun comme les bus ou les métros, le vélo ou le covoiturage. Ils recourent également davantage que leurs aînés à des pratiques collaboratives écologiques comme le troc ou la réparation d’objets.

Quelles sont les habitudes dont ils n’arrivent pas à se défaire ?

Bien que les jeunes adultes (18-24 ans) se déclarent très sensibilisés, ils ne se situent pas vraiment en rupture vis-à-vis du modèle de société consumériste dans lequel ils vivent depuis leur plus tendre enfance ; ce modèle vantant le « je consomme donc je suis » mais également liant consommation et bonheur.  Les résultats montrent ainsi que 20 % des 18-24 ans disent que pour eux consommer est avant tout un plaisir, soit 8 points de plus que la moyenne de la population. Ils attendent toujours avec autant d’impatience les soldes durant lesquels ils sont 30 % à en profiter pour acheter encore plus que d’habitude, contre 18 % en moyenne pour l’ensemble de la population.

Il y a également d’autres moments de leur vie quotidienne où leurs pratiques sont moins fréquentes que la moyenne des français :   tri des déchets, achats de légumes de saison et locaux ou des produits ayant moins d’impact sur l’environnement, réduction de consommation d’énergie mais aussi les voyages et en particulier ceux effectués en avion. Ceci peut en partie s’expliquer par leur situation, et notamment par une faible maîtrise des décisions lorsqu’ils habitent chez leurs parents… Dans un pays comme la Suède, où les jeunes quittent le foyer parental plus tôt, grâce notamment à des aides, les jeunes sont à la pointe des comportements écologique,  donc il y a des marges de progrès.

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