Billet

Guide « demain mon territoire » – 3 questions à Nicolas Soudon

 

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu pour le climat. Ce mois-ci, Nicolas Soudon, Directeur Exécutif de l’Action Territoriale de l’ADEME répond à 3 questions à sur le guide « Demain mon territoire ».

Pourquoi est-il important de mobiliser les élus pour la transition écologique ?

Aujourd’hui, 90% de l’investissement public lié au climat est porté par les collectivités locales en France, contre 68% en Allemagne et 60% en Italie (source OCDE). Si la réglementation et les politiques générales relèvent bien du niveau étatique, les orientations politiques et les projets des collectivités locales sont essentiels pour mener la transition écologique dans les territoires.

Pour atteindre les objectifs de 2030, les décisions sont à prendre maintenant et les projets, à mener dans le mandat à venir. On pourrait résumer ainsi la situation :  nous avons 10 ans pour réussir, et 5 ans pour agir. Les élus qui seront désignés lors des prochaines municipales sont ainsi au cœur des décisions à prendre, d’autant que le bloc communal (communes, intercommunalités) est l’échelon principal de mise en œuvre des politiques de transition écologique depuis les lois de 2014 et 2015 (NOTRe, TECV, MAPTAM en particulier).

Les enjeux sont majeurs, qu’il s’agisse du lien au territoire (40% des trajets quotidiens en voiture sont inférieurs à 3 km), de l’adaptation au changement climatique (augmentation de 50% de la fréquence des canicules d’ici 2050) ou du fonctionnement interne des collectivités (13 800 équivalent repas de nourriture jetés par an pour une école primaire de 200 élèves).

Dans le dernier baromètre ADEME- Opinion Way – les Français et le changement climatique, les élus placent l’environnement comme sujet n°1 et notamment le réchauffement climatique, la pollution de l’eau et la pollution de l’air. 75% sont convaincus que l’effet de serre est à l’origine du réchauffement climatique contre seulement 61% des Français. Pour autant, les élus citent encore l’Etat comme premier acteur responsable à 69% et le bloc communal seulement à 19%. Il faut donc aujourd’hui convaincre les élus locaux qu’une bonne part de la réponse est à leur niveau. C’est d’ailleurs pourquoi, l’ADEME a souhaité partager avec les candidats aux élections municipales, un panorama de solutions concrètes pour amorcer ou amplifier la transition écologique dans leur programme avec le guide « demain mon territoire » qui propose 20 fiches thématiques (alimentation durable, production d’énergie, réduction des déchets…).

Comment encourager et mobiliser les élus et les citoyens ?

Pour les encourager et les mobiliser, il faut d’abord apporter de la connaissance et de l’expertise, pour fiabiliser les choix. Ensuite il faut offrir des outils de méthode et de gouvernance pour réunir les différentes parties prenantes. Enfin, il faut un appui financier pour soutenir des projets souvent moins compétitifs que des solutions « carbonées ». Dans ces trois domaines, l’ADEME est l’opérateur de l’Etat pour mener cette transition, en fiabilisant les connaissances scientifiques et en les portant à connaissance des décideurs via notamment ses publications, en apportant des outils (labels comme Citergie, contrats ENR) ou en contribuant à des dispositifs qui favorisent une gouvernance solide (contrats de transition écologique, territoires d’industrie…), et enfin en finançant les projets, avec l’aide du fonds chaleur ou du fonds déchets par exemple.

Enfin il faut un réseau sur le territoire pour faire un peu de « sur mesure » en s’adaptant aux réalités différentes des bassins de vie, ruraux et urbains, littoraux ou montagneux, insulaires etc… Les équipes des directions régionales de l’ADEME sont précisément utiles là, pour embarquer les territoires.

Quelles sont les initiatives déjà mises en place par les territoires ?

Il existe un grand nombre d’initiatives intéressantes et il serait injuste d’en valoriser une plutôt que l’autre. Le guide « demain mon territoire » publiée en novembre dernier par l’ADEME donne bon nombre d’illustrations. A titre d’exemple, aujourd’hui plus de 200 collectivités sont labellisées Citergie, qui fait partie d’un label européen très suivi en Allemagne, en Suisse ou en Autriche par exemple. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’existe pas une seule recette. Il  faut une volonté de faire, partagée par toute la ligne de décision, il faut associer les habitants et les entreprises, structurer des données pour se comparer et mesurer les progrès. Les enjeux de transitions sont transversaux à presque toutes les politiques publiques : de l’aménagement à l’éducation, en passant par le logement, le social, l’agriculture, l’industrie, la mobilité ou même le sport

 

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