Gestion des déchets, économies d’énergie ou réduction de la pollution numérique … les salariés français agissent ! Une récente enquête menée par Harris Interactive pour l’ADEME et A4MT révèle qu’une écrasante majorité des salariés français (86%) se considère comme “transféreur”, c’est-à-dire qu’ils ont volontairement transféré un comportement en faveur de l’environnement de leur domicile vers leur travail ou inversement. Cette enquête à l’échelle nationale confirme un phénomène d’ampleur mis en évidence par une équipe de chercheurs pluridisciplinaire dans le cadre d’une recherche pilotée par A4MT[1].
Les salariés français sont des transféreurs !
86%. C’est la proportion des salariés interrogés qui se déclarent “transféreurs”. Des transferts de gestes en faveur de l’environnement qui ont davantage lieu du domicile vers le travail[2].
“Transféreur” : un terme pour diverses réalités
Le degré de transfert reste cependant très différencié selon les individus en fonction de plusieurs facteurs individuels ou liés à l’organisation. La typologie de transféreurs montre qu’une grande majorité (63%) a un profil “intermédiaire” c’est-à-dire qu’ils ont déjà complètement transféré certaines pratiques et commencent à en transférer d’autres.
Les degrés d’avancement des transferts (voir annexe)
Source: sondage Harris Interactive pour l’ADEME et A4MT, rapport de résultats, septembre 2020
Zoom sur les transféreurs “intermédiaires”
La protection de l’environnement fait partie des valeurs centrales définissant les transféreurs intermédiaires[3]. Mais s’ils se sentent tout à fait légitimes au domicile, la majorité d’entre eux considère que la mise en oeuvre de comportements écologiques au travail n’est pas de leur ressort et indique avoir procédé à des transferts car leur organisation les facilitait[4]. Une nuance qui révèle l’importance que revêt l’engagement des entreprises pour repérer et accompagner les transféreurs en herbe…
Entreprises au centre de l’échiquier
La révélation et l’accompagnement des transféreurs (ou transferts) dépendent en grande partie des entreprises. La taille de l’organisation, le secteur d’activité ou encore l’engagement de l’entreprise dans une politique environnementale sont autant de facteurs influençant les transferts et leur intensité. Au-delà de la hiérarchie, la mobilisation des responsables et des fonctions clés dans l’entreprise sur les thématiques environnementales et sociales, susceptibles d’écouter et d’accompagner les idées et les besoins des salariés, reste trop faible[5]. Les marges de manœuvre sont grandes : lancement d’initiatives collectives, investissements en équipements, écoute et soutien des idées des salariés transféreurs,….
Entreprises, repérer les transféreurs et ouvrir le dialogue, c’est permettre aux transféreurs de faire leur “coming out environnemental” plutôt que d’être stigmatisés et ainsi favoriser l’éclosion de nouveaux projets dans et pour vos organisations. !
Transféreurs, demandez du changement !
Vous êtes nombreux à avoir été soutenus, révélés ou à vous être retrouvés grâce à des organisations pionnières dont Mon Atelier Ecofrugal, Atelier Bleu – CPIE Côte Provençale[6], Riposte Verte, la démarche Bureaux à Énergie Positive[7], l’éco-syndicat Printemps écologique, le Réseau FEVE ou encore Energic. Dans le sillage de l’action menée par l’ADEME, ces organisations accélèrent le développement des transferts et ainsi facilitent la transition environnementale et le bien-être au travail. Comment ? En créant des moments de rencontre entre transféreurs intra ou inter-entreprises, en fédérant des communautés, en proposant des animations en milieu professionnel, en partageant les meilleures pratiques sur l’accompagnement des transféreurs, …
Transféreurs, demandez à développer vos envies et créez du projet dans et avec vos organisations.
Les transféreurs : et après ?
La révélation des transféreurs témoigne d’une vaste prise de conscience écologique. Mais si l’existence des transferts est une excellente nouvelle, les transféreurs sont-ils les précurseurs d’un virage plus global de la société ? Sont-ils vraiment le signe d’un virage individuel et collectif à même de révolutionner nos pratiques de production et de consommation ? Jusqu’ici, leur potentiel transformateur reste encore largement sous-exploité. Saurons-nous emboîter le pas aux transféreurs et aller beaucoup plus loin, individuellement comme collectivement, pour mettre au diapason nos envies avec les ressources dont nous disposons ? Affaire à suivre …
Vous souhaitez en savoir plus ? Participez à l’évènement de restitution du sondage Transphères Harris Interactive, le jeudi 17 décembre 2020 de 10h à 11h30. Inscriptions ici.
[1] Les transferts ont été mis en évidence par les sociologues Gaëtan Brisepierre et Anne Desrues, et les psychosociologues Delphine Labbouz et Laurent Auzoult-Chagnault. Leur étude a permis de qualifier les déterminants, les freins et les leviers individuels et collectifs des transferts. Retrouvez tous les résultats ici.
[2] 55% des répondants indiquent avoir transféré davantage du domicile vers le travail. L’inverse est vrai pour seulement 6% des répondants. 36% indiquent par ailleurs avoir transféré autant dans un sens que dans l’autre.
[3] On dit qu’ils possèdent une identité environnementale forte, c’est-à-dire que les valeurs environnementales sont importantes et centrales pour définir la personne d’un point de vue personnel et professionnel.
[4] 62% d’entre eux indiquent être dans une organisation engagée dans la promotion de tels comportements (contre 54% en moyenne).
[5] Moins d’un transféreur sur dix évoque un soutien de la part des représentants du personnel, du département RSE, des ressources humaines, des services généraux ou de la communication interne.
[6] Le territoire de l’Atelier Bleu comprend Marseille, Aubagne, La Ciotat et ses environs.
[7] A ce jour, cette initiative de l’ALEC de la Métropole de Lyon est uniquement présente en région lyonnaise.