La loi relative à la Transition énergétique pour la Croissance verte a fixé comme objectif de parvenir à l’autonomie énergétique dans les départements d’outre-mer à l’horizon 2030. En effet, dans les territoires d’outre-mer, l’électricité y constitue un enjeu particulier. Dans ces contextes insulaires ou faiblement interconnectés, pour lesquels la production est fortement carbonée, les coûts d’approvisionnement en électricité sont très supérieurs à ceux de la métropole. Le développement des Energies renouvelables (EnR), dont les coûts sont aujourd’hui bien inférieurs, représentent une opportunité mais les potentiels sont ils suffisants, et comment les intégrer sur ces réseaux non interconnectés ?
L’ADEME présente une étude visant à évaluer la faisabilité de cet objectif d’autonomie énergétique pour les Zones Non Interconnectées (ZNI), à travers une analyse comparative de cinq scenarii d’actions possibles pour y parvenir et en privilégiant le passage à un mix énergétique 100% EnR. À l’heure où les territoires d’outre-mer oeuvrent à la révision de leurs Programmations Pluriannuelles de l’Energie, cette étude sur l’autonomie énergétique des ZNI se veut un outil d’aide à la décision pour les instances locales.
Des résultats très encourageants en faveur de la transition énergétique de ces territoires
En 2015, la loi de Transition énergétique pour la Croissance verte a fixé l’objectif ambitieux d’autonomie énergétique pour les Zones Non Interconnectées (ZNI), en 2030 pour les DROM et en 2050 pour la Corse. Dans ce contexte, l’ADEME a souhaité apporter un éclairage sur les conditions de réalisation de cet objectif à la fois sur les plans technique, économique et social. Les travaux ont été successivement menés sur les six Zones Non Interconnectés (ZNI) suivantes : Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Corse. Après une première publication en 2020 sur 3 territoires, l’ADEME publie aujourd’hui l’analyse comparative finalisée sur les 6 ZNI.
L’étude sur le système électrique s’appuie sur des simulations optimisées pour évaluer les implications techniques et économiques de différents mix électriques très fortement renouvelables.
Les résultats de l’étude sont très encourageants pour la transition énergétique de ces territoires des points de vue économique et environnemental car ils montrent que l’autonomie énergétique et le mix très majoritairement renouvelable y sont possibles dans un horizon post 2035. Cela implique en revanche de nombreuses adaptations qui nécessiteront une évolution des régulations du réseau et un accompagnement dans la durée. C’est particulièrement vrai pour certains des actifs de production fossiles les plus coûteux, qui seront amenés à être moins sollicités voire s’avérer inutiles dans le futur. Elle sous-tend également une profonde réforme de la fiscalité de ces territoires, qui repose aujourd’hui en partie sur la taxation des combustibles importés.
Les points-clés de l’étude 1) Moyennant un recours significatif à des capacités de stockage, un mix électrique 100% EnR est possible pour l’ensemble des territoires d’outre-mer mais cela semble néanmoins difficilement réalisable d’ici à 2030 en raison du rythme élevé qu’il implique pour le déploiement des filières renouvelables. 2) Dans une approche d’autonomie énergétique, la conversion en tout électrique des véhicules routiers conduirait à exploiter une proportion très significative des potentiels EnR, impliquant un important travail de maîtrise de l’énergie multisectoriel et la recherche de compromis juridiques et sociaux permettant d’accéder à un potentiel de production plus important. 3) Quel que soit le scénario étudié, le rôle des centrales diésel est fortement réduit dès le « premier pas de temps » d’optimisation sur la trajectoire de transition, et ce, y compris en considérant les services système qu’elles assurent. 4) Au terme de la transition, la part des énergies renouvelables variables dans le mix énergétique est significative pour tous les territoires d’outre-mer. Une adaptation rapide des équipements de régulation du réseau électrique devra donc être prévue afin d’intégrer ces nouveaux moyens de production décentralisés. 5) L’augmentation du taux d’EnR dans les mix énergétiques s’accompagne d’une baisse des coûts de l’énergie produite. 6) Sur les cas d’étude d’incidents « significatifs» testés pour chaque territoire, les systèmes électriques obtenus se sont montrés stables. Néanmoins, en raison des hypothèses simplificatrices de modélisation du réseau, des approfondissements, hors du cadre de cette étude, doivent être conduits. |
Des résultats régionalisés et des scenarii modélisés pour chaque territoire
L’étude de l’ADEME fournit également des chiffres et des données par territoire, en mettant en exergue les scenarii les plus adaptés pour chacun d’entre eux et en évaluant les coûts complets de l’énergie. Les résultats de l’étude pour les six ZNI sont disponibles dans cette synthèse, pour Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Corse.
L’ADEME a ainsi présenté et comparé cinq scenarii prospectifs variés pour parvenir à l’autonomie énergétique dans les territoires d’outre-mer. Ainsi, par exemple, pour le scenario « Tous Feux Verts » où l’ensemble des territoires d’outre-mer seraient passés au mix électrique 100% EnR, l’ADEME dévoile des chiffres concrets et qui permettent de mieux évaluer la faisabilité de ce scenario.