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Les événements de vie : des opportunités pour encourager des pratiques écoresponsables ?

Face au défi que représente la lutte contre le changement climatique, une évolution profonde de nos modes de vie apparait indispensable. Or, le poids des habitudes constitue un frein majeur au changement de comportement. De nombreux travaux s’accordent sur la capacité des évènements de vie à perturber et modifier les routines quotidiennes. L’ADEME présente l’étude Les évènements de vie comme opportunités pour encourager des pratiques écoresponsables, réalisée par le CREDOC pour l’ADEME. Cette étude explore les évènements susceptibles d’engager des changements pérennes dans les pratiques quotidiennes, positifs ou négatifs sur la protection de l’environnement.  L’étude a permis d’identifier des leviers d’action autour des moments et lieux clés (acteurs, supports, messages…) pour accompagner les citoyens concernés par ces ruptures.

 

Quatre grandes catégories d’évènements aux potentiels de changement contrastés

L’analyse d’entretiens réalisés auprès de ménages a permis de distinguer quatre types d’évènements selon leur impact sur les pratiques habituelles, et selon le fait que les éventuels changements induits soient pérennes ou non :

  • Les ruptures choisies (et le plus souvent anticipées)qui invitent à des changements de pratique pérennes : par exemple l’arrivée d’un enfant, l’émancipation du foyer parental, le déménagement, la retraite.
  • Les ruptures subies qui imposent un changement de pratique rarement pérenne: les changements peuvent être imposés par une baisse des ressources (dans le cadre d’une séparation ou d’une période de chômage par exemple), par l’indisponibilité d’un équipement dans le cas d’une panne de voiture ou encore de grèves affectant les transports. On trouve aussi dans cette catégorie de rupture la survenue d’une incapacité physique, liée à une maladie ou un handicap.
  • Les ruptures subies qui n’imposent pas automatiquement de changement de pratique, mais peuvent contribuer à alimenter le processus de réflexion sur les comportements habituels, ou le sens donné à la vie: certaines sont de l’ordre de l’irréversible comme le diagnostic d’une maladie chronique pour soi-même ou un proche, le deuil d’une personne de l’entourage ; d’autres sont réversibles au moins à court terme, comme les pics de chaleur ou de sécheresse.
  • Des ruptures associées à une parenthèse dans le quotidien telles que les vacances ou les fêtes de fin d’année. Ancrées dans les pratiques sociales, ces périodes récurrentes et anticipées, se déroulent sur des temps et durées définis (plus ou moins longs). Consacrées aux loisirs ou aux retrouvailles, elles constituent un pas de côté, une parenthèse dans la vie quotidienne. Elles sont généralement l’occasion de faire ou se faire plaisir, mais peuvent aussi être l’occasion de découvrir ou faire découvrir de nouvelles pratiques de consommation.

Les nouveaux gestes adoptés peuvent être soit vertueux pour l’environnement (alimentation bio / moins carnée / faite maison, abandon des produits d’entretiens nocifs pour l’environnement et la santé, entretien d’un potager…), soit défavorables (achat d’une voiture, déplacements plus fréquents pour les courses et les loisirs, plus de voyages…).

Certains de ces évènements apparaissent donc particulièrement pertinents pour encourager des changements de pratiques écoresponsables sur le long terme (notamment la naissance d’un enfant, un déménagement ou encore la retraite), encore faut-il diffuser les bons messages au bon moment.

Les axes d’interventions identifiés pour un impact positif

L’un des enseignements de l’étude est la nécessité, pour susciter l’intérêt des publics, d’être en phase avec les préoccupations individuelles au moment où l’évènement se produit :

Les acteurs interrogés s’accordent sur la nécessité :

  • De faire passer des messages positifs. Cela peut se faire par le prisme du bien-être (bien vieillir, protéger sa santé et celle de ses enfants, augmenter son confort, «se faire plaisir »).
  • De ne pas être dans le registre de l’injonction ou de la culpabilisation, mais donner confiance.
  • De se saisir de toutes les occasions pour répéter des messages simples.

Les entretiens auprès d’acteurs ont permis d’identifier trois axes d’intervention pour l’ADEME et les acteurs susceptibles de relayer les messages et les actions :

  1. La valorisation et la mutualisation des supports et dispositifs déjà déployés par l’ADEME ou d’autres acteurs. De nombreux outils existent déjà, certains pourraient probablement être simplement actualisés ou partagés.
  2. La production de contenusmettant en avant les bonnes pratiques adaptées selon les lieux, les publics et leurs préoccupations :
  • À destination du grand public : par exemple sous forme de vidéos (mises en situation, témoignages), d’infographies, …ou encore l’insertion de contenu dans des documents officiels tels que le carnet de santé de l’enfant (via les Conseils départementaux)
  • À destination des professionnels : sous forme d’articles insérés dans les Newsletters, ou magazines diffusés par les instances telles que l’AMF, ou la mise à disposition de kits pédagogiques pour la mise en place d’ateliers auprès de jeunes adultes, salariés, retraités
  1. La sensibilisation, l’information des professionnels:  dans le cadre de conférences, webinaires organisés par les différents acteurs, ou encore en intégrant ou renforçant la dimension environnementale dans les programmes de formation continue des professionnels de santé ou de l’immobilier (UNIS par exemple).
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