Communiqué de Presse

AVIS DE L’ADEME : ÉPURATION DE L’AIR INTÉRIEUR PAR PHOTOCATALYSE

Depuis le début de la période de crise sanitaire, la qualité de l’air intérieur est au cœur des préoccupations, aussi bien dans les entreprises, les bâtiments publics que chez les particuliers.

Les collectivités, les gestionnaires de bâtiment, les particuliers peuvent se retrouver face à une offre foisonnante de dispositifs de traitement. Sur la base des résultats des  projets de recherche qu’elle a soutenus depuis plusieurs années, l’ADEME a actualisé son avis sur l’épuration de l’air intérieur par photocatalyse, qui est une des solutions présentes sur ce marché.

A ce jour, il n’est pas possible d’assurer l’efficacité et l’innocuité des appareils d’épuration par photocatalyse dans toutes les conditions d’usages réels. C’est pourquoi l’ADEME rappelle qu’il est préférable de privilégier la réduction des sources de pollution et le renouvellement de l’air.

 

QU’EST-CE QUE LA PHOTOCATALYSE

Le traitement de l’air par photocatalyse a été développé au Japon dans les années 70. La photocatalyse, appliquée au traitement de l’air,  est une technique consistant à dégrader des polluants gazeux (formaldéhyde, solvants organiques, benzène, oxydes d’azote, ozone…) grâce à l’action de la lumière sur un support appelé « photocatalyseur »[1]. L’enjeu est d’obtenir la dégradation complète du polluant et d’éviter la formation d’autres produits pouvant être plus toxiques que les polluants traités. Les solutions techniques commercialisées dans le domaine de l’épuration de l’air par photocatalyse se décomposent en deux familles :

    • Les épurateurs d’air, dits systèmes photocatalytiques actifs, mobiles (unité autonome), fixes (plafonnier, console murale) ou couplés au réseau de ventilation (les systèmes CVC : Chauffage, Ventilation et Conditionnement de l’air) ;

    • Les matériaux « dépolluants », dits aussi matériaux photocatalytiques passifs (peintures de décoration, tissus, carrelages, revêtements de plaques ou de dalles, béton, ciments, enduits, céramiques, verres autonettoyants …).

 

Une efficacité insuffisamment prouvée en conditions réelles d’utilisation car dépendante de plusieurs paramètres

 Pour une gestion globale de l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, l’ADEME tient avant tout à rappeler que la priorité doit être donnée à la prévention : l’épuration de l’air n’est à envisager que dans le cadre d’actions ponctuelles et spécifiques, en complément, et non en substitution, de la réduction des sources de pollution et du renouvellement de l’air.

L’ADEME, en s’appuyant sur quelques projets de recherche et thèses récents, a pu démontrer l’efficacité et l’innocuité de certains dispositifs d’épuration de l’air intérieur par photocatalyse pour certaines situations d’essais au laboratoire simulant des conditions réalistes. Cependant, dans l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’assurer l’efficacité et l’innocuité des appareils d’épuration par photocatalyse dans toutes les conditions d’usages réels.

L’ANSES, dans son rapport de 2017, estime ainsi que les données scientifiques collectées et analysées ne permettent pas de démontrer l’efficacité et l’innocuité en conditions réelles d’utilisation des dispositifs d’épuration de l’air intérieur fonctionnant sur les principes de la catalyse ou photocatalyse, du plasma, de l’ozonation ou de l’ionisation. Par exemple, la dégradation des solvants organiques (présents dans certaines peintures) peut générer la formation de cétones ou d’aldéhydes, dont le formaldéhyde classé cancérogène certain chez l’homme.

 

L’impact de la crise sanitaire sur la préoccupation de la qualité de l’air intérieur

La Covid-19 a suscité un regain d’intérêt pour les dispositifs de traitement de l’air intérieur. Le principe de photocatalyse peut inactiver des micro-organismes, dont des virus. Cependant, dans l’état actuel des connaissances,  les recommandations[2] du Ministère des solidarités et de la santé sont de ne pas avoir recours à des appareils utilisant des traitements physico-chimiques de l’air, dont la photocatalyse, du fait de l’impossibilité en utilisation réelle d’analyser la qualité de l’air intérieur et de détecter de possibles problèmes de dégradation incomplète de polluants qui seraient dangereux pour la santé.

 

Les recommandations de l’ADEME

Pour les acteurs qui souhaiteraient acquérir un appareil d’épuration par photocatalyse, l’ADEME conseille de :

  • Acquérir un appareil normalisé. Toutefois, les normes existantes en photocatalyse permettent de vérifier la performance et l’innocuité de systèmes d’épuration et de matériaux dans des conditions contrôlées qui ne sont pas forcément représentatives de l’usage réel.
  • Réaliser une étude technique préalable pour les usages collectifs (entreprises, lieux publics), par une personne qualifiée pour définir le nombre et le positionnement des appareils ou autres dispositifs de traitement de l’air les plus adaptés aux dimensions et configuration du site d’installation.
  • Vérifier l’efficacité d’un système d’épuration en configuration réelle, pour s’assurer d’une part que l’ensemble du volume d’air à traiter est bien épuré, d’autre part qu’il n’y a pas de génération d’autres produits pouvant être plus toxiques que les polluants traités.
  • Respecter scrupuleusement les consignes d’entretien et de maintenance.

Enfin, les recherches doivent être poursuivies pour approfondir les connaissances sur les impacts des systèmes photocatalytiques sur l’environnement et la santé (étude du vieillissement du catalyseur, dégradation incomplète des composés polluants pouvant générer d’autres composés plus toxiques).

 

Comment l’ADEME accompagne le développement du traitement de l’air ?

Depuis près de quinze ans, l’ADEME publie des résultats d’études sur la photocatalyse : états de l’art sur les matériaux photocatalytiques (utilisés en milieu extérieur et intérieur) et recherches sur certains produits photocatalytiques commercialisés ou innovants (des épurateurs d’air qu’ils soient autonomes ou couplés au réseau de ventilation des bâtiments et divers matériaux). Leurs résultats sont présentés dans l’Avis Technique « Epuration de l’air intérieur par photocatalyse » publié en Octobre 2020.   Depuis 2020, l’ADEME a lancé un nouveau programme de recherche AQACIA[3] qui permettra de poursuivre le soutien à la recherche en faveur de la qualité de l’air, et en particulier dans le domaine du traitement de l’air.

 

 

Pour aller plus loin

 

 

 

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