Afin d’atteindre l’objectif de 9% de part modale pour le vélo d’ici 2024, il apparait nécessaire de s’intéresser aux 5,7 millions de collégiens et lycéens. A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité, l’ADEME dévoile les résultats de la toute première étude nationale sur la mobilité à vélo des élèves du secondaire, menée notamment en partenariat avec le portail national de l’écomobilité scolaire Mobiscol. Son objectif : dresser un état des lieux des pratiques dans les établissements et de l’engagement des acteurs en faveur de la mobilité à vélo, identifier les freins majeurs à la pratique des adolescents via une analyse sociologique de la littérature existante, identifier les bonnes pratiques françaises et étrangères levant ces freins, et établir des recommandations pour remettre, demain, adolescents et adolescentes en selle.
Les enjeux de l’étude
L’étude concerne 5,7 millions d’élèves du second degré soit environ 8,5 % de la population française. Plus précisément, elle concerne 3,43 millions de collégiens et 2,27 millions de lycéens (dont 0,46 million de lycéens professionnels). C’est la première à proposer une vision claire et globale de la mobilité cyclable des élèves du secondaire.
Si les adolescents d’aujourd’hui sont particulièrement sensibles à l’urgence climatique et à la nécessité de transformer nos modes de vie, ils ne savent pas toujours par où commencer. Le vélo comme mode de déplacement au quotidien peut être, pour ceux résidant à des distances compatibles de leur établissement, une réponse concrète à leur volonté de transition. Se déplacer à vélo répond également à des enjeux d’autonomie et d’indépendance, pour plus de liberté et de confiance en soi, et permettra également demain un plus grand choix d’orientation et un accès facilité à l’emploi pour ces adultes en construction, en évitant l’achat d’une voiture. Se déplacer à vélo, c’est également lutter contre la sédentarité de ces publics. Enfin, la pratique du vélo est aujourd’hui extrêmement genrée parmi les adolescents, une situation imputable aux représentations qu’ont les adolescentes du vélo (pour les sportifs, incompatibles avec certains choix vestimentaires…) mais également au manque de disponibilité et de visibilité de vélos adaptés aux jeunes filles (morphologie, confort, ergonomie).
Les freins au développement de la pratique du vélo des élèves du secondaire
La mobilité à vélo des élèves est un thème nouveau pour de nombreux acteurs travaillant en milieu scolaire. Même pour les 50 à 70% d’élèves résidant à une distance de leur établissement compatible avec des déplacements à vélo, la mobilité cyclable se heurte à plusieurs freins majeurs :
- L’insuffisante desserte des établissements en infrastructures cyclables sécurisées, frein indépassable pour de nombreux parents.
- Le manque de services vélo (stationnement, atelier de réparation…) aux abords des établissements, en quantité et en qualité. La majorité de ceux qui sont pourvus en stationnement utilisent des râteliers (ou pince-roues) insuffisants pour sécuriser correctement les vélos, et la capacité est réduite puisque plus de la moitié des répondants disposent de moins de 30 places de stationnement, alors qu’en moyenne un collège comporte 490 élèves et un lycée 587 élèves
- Le manque d’outils et de supports à destination des élèves et équipes pédagogiques pour transmettre les bons messages, les bonnes pratiques ;
- La nécessité de disposer d’un vélo en bon état par élève ;
Le développement de la mobilité à vélo des collégiens et lycéens nécessite par ailleurs de :
- Faire entrer le vélo dans les normes sociales pour ancrer la pratique durant l’adolescence.
- Travailler sur la représentation du vélo afin de le rendre à la fois « sympa » et « social » et en faire, en premier lieu, un mode de déplacement.
- Par exemple : Intégrer la pratique du vélo dans les médias suivis par les jeunes (télévision, cinéma, plate-forme de séries, réseaux sociaux).
- Rendre personnalisable l’esthétisme, l’ergonomie et l’accessoirisation des vélos.
Les engagements des acteurs dans le développement de la mobilité à vélo
De nombreux départements français se mobilisent depuis plusieurs années pour développer la pratique cyclable chez les collégiens. L’Hérault, la Gironde, la Savoie… sont autant de pionniers qui promeuvent l’usage du vélo en collaboration étroite avec les établissement et collectivités, en développant tout à la fois des aménagements cyclables, du stationnement qualitatif, des services de marquage et de réparation, des animations…
Quant à l’engagement des régions en faveur de la mobilité cyclable des lycéens, il est globalement plus récent. Il se traduit aujourd’hui principalement dans les intentions et ambitions affichées dans les plans vélo et schémas vélos régionaux, en majorité en matière de stationnement vélo.
A titre d’exemple, la région Bourgogne-Franche-Comté a inscrit dans son plan vélo « Les pistes pour le vélo en Bourgogne-Franche-Comté » publié en 2020, plusieurs propositions à destination des lycéens :
- Encourager les trajets scolaires (lycées) à vélo grâce à un stationnement sécurisé
- Créer des pistes ou bandes cyclables locales desservant les lycées
- Mettre en place des achats de vélos et de VAE, des sorties vélo et l’installation de parking vélo dans le cadre du label « Ecolycée »
Au collège Mendès à Jacou (Hérault) ou encore celui de l’Estey à Saint-Jean D’Illac (Gironde), plus de 50% des élèves se rendent déjà en classe à vélo !
Des recommandations pour des actions concrètes
L’étude formule 4 recommandations transversales fondamentales :
- Accompagner spécifiquement le développement de la mobilité à vélo chez les adolescentes
- Sensibiliser les parents d’élèves à la mobilité à vélo
- Mieux communiquer auprès des adolescents
- Équiper et rendre systématiquement accessibles à vélo les nouveaux établissements secondaires
L’étude a également permis d’établir 21 recommandations, illustrées d’exemples français et étrangers, afin de donner aux acteurs de la mobilité des clés pour entreprendre. Elles sont organisées en 5 thématiques :
1 – Sécurisation de l’accès : améliorer l’accès cyclable et apaiser la circulation aux abords des établissements scolaires afin de sécuriser les trajets domicile-établissement.
2 – Équipements et services : équiper les établissements en stationnements vélo capacitaires et qualitatifs, les doter de services vélo (bornes de réparation, ateliers vélo) et donner accès à des vélos aux élèves.
3 – Sensibilisation et animation : poursuivre l’apprentissage et la sensibilisation des élèves du secondaire à la pratique cyclable pour créer des usagers avertis. Par exemple en intégrant le sujet dans les programmes scolaires :
4 – Gouvernance, planification, études et ressources : structurer le développement des mobilités actives (marche, vélo) vers les établissements secondaires en élaborant des documents cadres et des études référentes du niveau national au local.
5 – Communication : communiquer sur le vélo en s’appuyant, notamment, sur les grands événements nationaux et les réseaux sociaux.
Ces recommandations visent à créer une dynamique nationale pour développer et encourager la pratique cyclable des élèves du secondaire.
L’étude propose en complément un guide méthodologique à destination des communes, intercommunalités, départements et régions afin de réaliser un diagnostic mobilité cyclable de leurs établissements.
LES BONNES PRATIQUE À L’ÉTRANGER
En plus d’aménagements cyclables très qualitatifs (à l’écart de la circulation, continus, larges), les pays les plus en pointe en matière de déplacement à vélo des adolescents s’appuient sur : • L’utilisation des réseaux sociaux et des applications mobiles pour valoriser les déplacements à vélo des collégiens et lycéens |