Au moment où débute la période de chauffe hivernale, et alors que la directive RED III fixe un nouveau cap ambitieux à 42,5% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie pour 2030, la chaleur renouvelable produite à partir de bois, autrement dit le « bois énergie », représente un enjeu stratégique. Avec près d’un tiers du territoire métropolitain couvert de forêts, le bois est la première source d’énergie renouvelable en France. Afin de poursuivre la décarbonation du mix énergétique français, les politiques publiques ont fixé des objectifs ambitieux pour le développement de la production de chaleur à partir de bois. Le bois énergie est l’une des énergies les moins chères et présente des atouts propres aux énergies renouvelables, mais a également des impacts sur l’environnement. Dans son AVIS « Bois Energie » (ici), l’ADEME en qualifie les contours et fait des recommandations pour les réduire.
Le bois énergie, une ressource renouvelable essentielle à la transition énergétique française
Le bois énergie est la première source d’énergies renouvelables en France, représentant 33% de la consommation d’énergie primaire issue de sources renouvelables, largement devant les autres énergies renouvelables.
Aujourd’hui en France, 1 Français sur 4 se chauffe au bois.
Cette énergie peut prendre différentes formes : cheminées, inserts, poêles et chaudières à bûches ou granulés. Dans les logements collectifs ou sur les sites industriels, ce sont des chaufferies, qui s’approvisionnent en bois issus de la forêt, en résidus de bois des scieries, en déchets de bois, en bois d’élagage de haies ou de bocage.
Au-delà d’être une énergie renouvelable, le bois énergie présente de nombreux atouts :
• Il contribue à l’indépendance énergétique et à l’amélioration de la balance commerciale nationale grâce à la baisse des importations des énergies fossiles ;
• Il génère des emplois difficilement délocalisables ;
• Il assure une meilleure maîtrise de la facture énergétique des ménages, le coût des énergies renouvelables étant globalement moins volatile que celui des énergies fossiles.
Une filière bois énergie en complémentarité avec la filière bois matériau
Les activités de production forestière, de transformation et de mise en œuvre de produits bois alimentent les marchés de la construction, de l’emballage bois et carton, de l’énergie, du meuble et des produits de consommation courante, impliquant près de 60 000 entreprises.
L’ADEME rappelle que tout en accompagnant la croissance des besoins en énergie renouvelable, il est important de maintenir, parmi tous les usages possibles du bois, une priorité à des usages en tant que matériau, dans lesquels le carbone capté pendant la croissance des arbres reste stocké, pour venir en alternative à des produits non renouvelables tels que l’acier ou encore le béton. Le bois énergie est ainsi complémentaire aux autres usages, contribuant à l’équilibre économique et au développement de l’ensemble de la filière.
Le bois énergie : une filière en amélioration continue pour réduire ses impacts sur l’environnement
La chaleur produite à partir de bois peut générer des impacts sur l’environnement, qu’il faut objectiver pour mieux les comprendre et apporter des solutions.
La contribution à l’atténuation du changement climatique : tout au long de leur vie, les arbres absorbent et stockent du carbone. Pour cette raison, le bois énergie est souvent associé à l’idée de neutralité carbone. Pour autant, plusieurs études scientifiques , montrent que la contribution du bois énergie à l’atténuation du changement climatique dépend du type de ressource utilisée et des pratiques forestières. Selon les pratiques, le bilan carbone du bois énergie peut s’améliorer ou se dégrader. Néanmoins, dans la grande majorité des cas, le bilan carbone reste bien meilleur que celui des énergies fossiles.
L’impact sur les écosystèmes, la qualité des sols et l’érosion de la biodiversité : les pratiques sylvicoles, notamment liées à la mécanisation des chantiers, et le prélèvement de certaines parties de l’arbre riches en nutriments, doivent être raisonnés en fonction de la sensibilité des milieux pour préserver la qualité des sols. Par ailleurs, les coupes rases représentent entre 1 et 2 % de la surface coupée chaque année en France, et relèvent de raisons très diverses (pratique normale de récolte dans les plantations d’essences à croissance rapide, mais aussi renouvellement de peuplements sinistrés ou dépérissant, conversion de peuplements). La majorité des coupes rases est réalisée pour des raisons indépendantes du bois énergie.
L’impact sur les émissions d e polluants de l’air : réalisée dans des foyers ouverts, des appareils anciens ou dans de mauvaises conditions, la combustion du bois est fortement émettrice de polluants atmosphériques. En France, bien que ces émissions aient réduit de moitié depuis 1990 du fait du renouvellement des anciens équipements de chauffage individuel par des installations plus performantes, en particulier à granulés, le bois énergie reste la principale source des émissions annuelles de particules fines PM2,5, à hauteur de 64%. Le chauffage individuel au bois est responsable de près de 98% de ces émissions, car les chaufferies industrielles et collectives sont soumises à des normes très strictes. Pour autant, il existe également des leviers pour maitriser encore plus leurs émissions atmosphériques.
FACE À CES CONSTATS, L’ADEME EMET PLUSIEURS RECOMMANDATIONS
Sur l’origine du bois et les pratiques sylvicoles:
- Améliorer la traçabilité du bois forestier;
- Favoriser les pratiques sylvicoles permettant d’augmenter la production de bois énergie tout en optimisant les stocks de carbone en forêt;
- Privilégier les pratiques favorisant la résilience des peuplements forestiers et réduisant les risques face aux impacts attendus du changement climatique;
Réduire les consommations d’énergie fossile du parc de bâtiment:
- Renforcer l’isolation des bâtiments, ce qui permet de réduire les besoins de chauffage;
- Accélérer le remplacement des appareils fonctionnant aux énergies fossiles (fioul, gaz naturel liquéfié, gaz) par des énergies renouvelables performantes, dont le bois énergie;
Pour limiter les émissions polluantes du bois énergie:
- Accélérer le remplacement des appareils au bois individuels anciens et des foyers ouverts par des appareils performants ;
- Mieux former les professionnels de l’installation et les utilisateurs aux bonnes pratiques;
- Dans les zones couvertes par un plan de protection de l’atmosphère, éviter d’installer de nouveaux appareils de chauffage au bois bûche, sauf lorsqu’il s’agit de remplacer des appareils anciens et des foyers ouverts par des équipements performants. Cette préconisation doit toutefois également tenir compte du fait que le chauffage individuel au bois reste l’une des solutions les moins chères pour se chauffer. La situation des ménages récoltant leur propre bois et / ou en situation de précarité énergétique doit ainsi être examinée spécifiquement.
- Pour les chaufferies collectives et industrielles encourager des solutions d’amélioration des performances environnementales et énergétiques, comme le recours à des ballons de stockage thermique, le bon dimensionnement des installations et l‘utilisation des meilleures technologies de filtration.