Communiqué de Presse

[AVIS D’EXPERT] : LA BIOMASSE, UN ENJEU STRATÉGIQUE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

A l’occasion de la 60ème édition du Salon international de l’agriculture, l’ADEME dévoile son nouvel Avis d’expert « Biomasse : enjeu stratégique de la transition écologique ». Dans un contexte d’interrogation sur la place à octroyer à la biomasse pour répondre à nos usages, cet Avis rend compte des rôles que peut jouer cette ressource pour répondre aux objectifs de transition écologique du pays et du travail réalisé par l’ADEME sur la question de l’adéquation entre ressource et usages de la biomasse.

La biomasse est définie, en France, dans le Code de l’énergie, comme « la fraction biodégradable des produits, des déchets et des résidus d’origine biologique ». Elle provient notamment de l’agriculture, de la sylviculture et des industries du bois, des industries agroalimentaires et des déchets ménagers.

 

La biomasse, de l’amélioration des systèmes de production à une utilisation raisonnée

Les scénarios de transition écologique soulignent le rôle capital et complexe de la biomasse.

En amont de toute valorisation, la biomasse est majoritairement issue des systèmes agricoles ou forestiers. A ce titre, et pour permettre la mise en œuvre d’une stratégie de mobilisation de la biomasse durable dans le temps, il convient de préserver ces milieux, notamment par le déploiement de pratiques agroécologiques (couverts végétaux, haies…) et une gestion durable des forêts. Cette stratégie permet conjointement une production significative de biomasse et le maintien de l’ensemble des services rendus par ces milieux : alimentation, stock et puits de carbone, préservation de la biodiversité, qualité des sols, de l’air et de la ressource en eau.

En complément, l’équilibre entre ressources en biomasse durablement disponibles et usages envisagés est un indicateur essentiel à suivre : on parle de bouclage biomasse. Le travail réalisé par l’ADEME propose une vision d’ensemble sur la biomasse (ressources et usages) et pointe ce nécessaire respect dans le temps du bouclage biomasse comme condition pour l’atteinte des objectifs de transition écologique.

La mise en œuvre de ces actions permettrait d’envisager une mobilisation et valorisation de la biomasse, pour les matériaux et l’énergie, qui pourrait doubler d’ici 2050 (comparativement à aujourd’hui), avec une forte augmentation de la valorisation de la biomasse d’origine agricole.              Celle-ci représente un levier crucial pour réduire notre dépendance aux ressources non renouvelables.

A la vue de nos usages actuels, cette disponibilité reste cependant limitée et ne peut satisfaire l’ensemble des besoins. Par conséquent, cette mobilisation de biomasse supplémentaire doit s’inscrire dans une stratégie générale de sobriété.

En complément, une priorisation des usages non alimentaires de la biomasse pour optimiser les services rendus doit être envisagée. Il s’agit tout d’abord d’orienter l’usage de la biomasse vers des applications matériaux et en priorité pour des produits à longue durée de vie (construction bois notamment). Pour les usages énergétiques, il est nécessaire de tenir compte des alternatives possibles à la biomasse selon les situations (chaleur fatale, géothermie, solaire), de la performance énergétique et environnementale des installations et des enjeux sociaux.

Zoom sur les haies

La plantation d’arbres en bordure de parcelles agricoles – les haies – et en plein champ – l’agroforesterie –  contribue également à renforcer la résilience de ces systèmes de production, à maintenir des milieux riches en biodiversité, à limiter l’érosion des sols. Les synergies entre production de biomasse agricole et autres services environnementaux ou sociaux doivent ainsi être recherchées.

Une nécessaire stratégie d’adaptation au changement à climatique et de production de données de référence pour éclairer la décision

Le changement climatique impactera directement les écosystèmes, et in fine les filières de valorisation de biomasse ; ainsi, des actions de renforcement de la résilience des écosystèmes (agricoles et forestiers) et d’adaptation au changement climatique des filières sont à déployer : par exemple, en développant des circuits et infrastructures de valorisation de la biomasse suffisamment flexibles et résilients (pour avoir la capacité de traiter des variations de flux annuels importantes), et correctement dimensionnés (pour ne pas induire de trop fortes pressions sur les milieux lors de périodes de crise).

En outre, l’ADEME et les organismes publics impliqués sur la biomasse, dont l’INRAE,  recommandent la création d’une instance scientifique de partage et de production de données de référence sur le rôle actuel et à venir de la biomasse, permettant d’améliorer l’analyse systémique de la biomasse et d’éclairer les décideurs publics et privés.

« Comme l’ont montré les scénarios de prospective de l’ADEME, la biomasse a un rôle central à jouer pour atteindre nos objectifs de neutralité carbone : elle permet de stocker du carbone, de réduire l’usage des énergies fossiles. Elle est néanmoins soumise aux enjeux d’adaptation au changement climatique et à la préservation de la ressource. L’ADEME, par ces travaux, contribue à améliorer les connaissances pour faire des choix éclairés sur les usages de la biomasse » – Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France

« La biomasse est une ressource clé pour la décarbonation de l’industrie, des transports et de la chaleur, mais aussi la ressource peut-être la plus rare de la transition énergétique en cours. Aussi son développement doit-il se faire en priorisant les usages là où elle apporte le meilleur service. Je salue la publication de l’avis expert de l’ADEME qui synthétise son expertise historique sur cette ressource et apporte une contribution clé aux débats à venir sur notre Stratégie française Energie Climat» – Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l’Industrie de France

« La biomasse a un rôle prépondérant dans la transition écologique, qu’il faudra accompagner. Le « bouclage biomasse » , c’est-à-dire l’adéquation entre les ressources et les usages, devra être ajusté dans le temps et aux différentes échelles. Il implique également des enjeux de sobriété priorisation des usages de la biomasse. » Sylvain Waserman, Président Directeur Général de l’ADEME

 

Consulter la suite