Le GIEC anticipe dans son rapport de 2022 l’augmentation de la durée, de l’intensité et de la fréquence des vagues de chaleur. Ces vagues pourraient survenir trois années sur quatre et durer de mai à octobre, amplifiant les îlots de chaleur urbains et réduisant le confort thermique des occupants des bâtiments, ce qui impactera fortement les territoires. Il est donc nécessaire d’anticiper l’impact des vagues de chaleurs, notamment sur les bâtiments, en planifiant en priorité des actions de maîtrise des besoins de froid. Dans ce cadre, l’ADEME détaille dans son nouvel AVIS « Vagues de chaleur : la climatisation va-t-elle devenir indispensable ? », ses recommandations pour adapter les bâtiments à ces vagues de chaleurs, en particulier en ce qui concerne le déploiement des équipements de production de froid.
L’augmentation de la durée, de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur liées au changement climatique, rend de plus en plus indispensable d’adapter les bâtiments. Au-delà des solutions passives comme le déploiement des protection solaires et de l’isolation notamment, le besoin de rafraichir les bâtiments avec des équipements de production de froid (climatiseurs, PAC en particulier géothermiques, réseau de froids…) devient progressivement inévitable dans de nombreux cas. Le taux d’équipement est déjà important (25% des ménages équipés, 40% des surfaces du tertiaire) et des études récentes montrent qu’il sera de plus en plus indispensable d’installer des équipements de climatisation à l’horizon 2050.
Les travaux de l’ADEME ou de RTE montrent que la production photovoltaïque d’électricité devrait être suffisante à l’horizon 2035 pour alimenter ces solutions actives de rafraîchissement, sous réserve notamment de faire fonctionner ces équipements durant les horaires de production solaire et de maîtriser les températures de consigne.
Toutefois, le déploiement des principales solutions actives du marché actuel (climatiseurs) a d’autres impacts qu’il convient de limiter : îlot de chaleur urbain, facture énergétique, émission de GES, nuisances sonores et visuelles…. Les émissions de GES liées à la climatisation sont essentiellement dues aux gaz réfrigérants, que les évolutions règlementaires en cours devraient permettre de résorber à moyenne échéance. Par ailleurs, parmi les solutions actives, certaines rejettent de la chaleur à l’extérieur, ce qui pourrait aggraver les phénomènes d’ilot de chaleur urbain pendant ces périodes de vagues de chaleur. Les solutions actives auront également un impact sur la facture énergétique des entreprises, des collectivités et des ménages, risquant notamment d’aggraver le nombre et la situation des ménages en situation de précarité énergétique.
Il est donc nécessaire d’anticiper l’impact des vagues de chaleurs en planifiant en priorité des actions de réduction des besoins de froid (isolation, protections solaires ou encore brasseurs d’air, gestes et comportements adaptés), qui permettront dans un grand nombre de cas de retarder la nécessité de recourir à la climatisation active, et en tout cas de mieux maîtriser la consommation d’électricité de ces systèmes.
C’est pourquoi l’ADEME établit plusieurs recommandations, détaillées dans cet avis :
- Intégrer dès aujourd’hui la problématique du confort d’été dans toutes les rénovations en déployant en priorité et à grande échelle les solutions passives pour aider à mieux supporter les vagues de chaleur dans les bâtiments. Il convient en particulier de compléter la politique de rénovation des bâtiments par un volet d’adaptation aux vagues de chaleurs; la protection contre les surchauffes constitue ainsi une raison supplémentaire de rénover les bâtiments en agissant sur l’enveloppe.
- Limiter autant que possible le recours aux équipements de climatisation impactant directement l’ilot de chaleur urbain, un malus sur les équipements les moins performants pourrait être proposé.
- Utiliser les systèmes actifs les plus respectueux de l’environnement (brasseur d’air, puit climatique, géocooling, réseau de froid…) faisant appel aux énergies renouvelables et utilisés de façon sobre, c’est-à-dire avec une température de consigne jamais en dessous de 26°C et avec une protection solaire efficace installée sur le bâtiment.
- Continuer de développer l’innovation dans les solutions de rafraîchissement sobres et efficaces.
- Développer les connaissances sur les impacts de l’augmentation des vagues de chaleurs sur l’habitabilité des logements, sur les inégalités sociales, sur les factures d’électricité des ménages et des entreprises, et sur l’activité des entreprises et de l’industrie. En particulier, il est nécessaire de clarifier la définition de bouilloire thermique et d’y adosser une politique publique.
- Pour les collectivités, renforcer la planification de l’adaptation aux vagues de chaleurs, cohérente à l’échelle de la ville et des bâtiments, en anticipant les solutions d’aménagement urbains adaptées (solutions fondées sur la nature) et le besoin en réseaux urbains de froid.
Les collectivités, grâce à la démarche TACCT, et les entreprises en utilisant la méthodologie ACT Adaptation, sont invitées à s’engager dès à présent dans un parcours d’adaptation au changement climatique.