Billet

L’ADEME LANCE L’EXTREME DEFI BIOECONOMIE

En partenariat avec l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires via le programme Territoires d’Industrie, le Cerema, la Fédération Nationale des Parcs Naturels Régionaux et le réseau B4C (Bioeconomy For Change), l’ADEME lance ce jour l’eXtrême Défi Bioéconomie. A l’instar de l’eXtrême Défi mobilité (xd.ademe.fr), aujourd’hui parvenu au stade de l’industrialisation, il s’agit d’une démarche d’accompagnement intégrale, allant de l’idéation des solutions jusqu’à leur passage à l’échelle industrielle, en passant par le prototypage et l’expérimentation dans une logique de “co-opétition” entre les acteurs.

  

La bioéconomie, qui regroupe l’ensemble des activités de production et de valorisation de la biomasse,  joue un rôle central dans la transition écologique de la France. Elle est un vecteur essentiel de décarbonation de l’économie, incluant des débouchés alimentaires, matériaux, chimie et énergétiques. Ainsi, pour répondre aux objectifs ambitieux du paquet climat « Fit for 55 » de la Commission Européenne, le monde du vivant doit répondre à 3 enjeux majeurs : participer à la décarbonation de l’énergie et des matériaux, s’adapter au changement climatique et continuer à constituer un puits de  CO2.

L’eXtrême Défi Bioéconomie part ainsi d’un double constat :

  • La révolution industrielle et la globalisation des flux ont entraîné une perte importante de la biodiversité en France : seules 5 cultures représentent plus de 77% des surface cultivables, et 5 essences 75% des récoltes de bois;
  • La crise écologique fragilise les systèmes de production et notamment les variétés majoritairement exploitées (blé ou maïs en agriculture; épicéa ou pin maritime en sylviculture par exemple, sont menacés par les sécheresses, les ravageurs, etc.). A titre d’exemple, en 2019-2020, environ 6,5 millions de m³ de bois déclassés ont été récoltés par l’ONF, contre moins de 1 million en moyenne sur une année normale ; et cette tendance s’accélère. Les bois déclassés sont vendus à prix inférieur en raison de défauts importants : ils sont ainsi sous-valorisés.

La combinaison de ces deux facteurs pèse dangeureusement sur la résilience territoriale. En élargissant le spectre des ressources naturelles valorisables, il serait possible de favoriser le maintien de la biodiversité et la diversification des sources d’approvisionnement. C’est aussi un enjeu pour sécuriser l’accès aux denrées alimentaires, aux matériaux et à la biomasse pour l’énergie, et ainsi améliorer la résilience des filières et notre souveraineté à l’échelle nationale.

Bois d’essences secondaires comme le frêne ou le pin d’Alep, coproduits de l’agriculture (pailles, tourteaux, sarments de vigne, laines, etc.), de l’agroalimentaire (coquilles d’œufs, fruits et légumes abîmés, etc.) ou de produits de la mers (coquillages et produits non calibrés), on estime à plusieurs dizaines de millions de tonnes la quantité de biomasses sous-valorisées.

Pour cela, l’eXtrême Défi Bioéconomie propose d’accompagner la revalorisation de biomasses sous-valorisées à fort potentiel pour “boucler ces flux” au niveau territorial, en cohérence avec les objectifs de la transition écologique.

 

Un parcours complet alliant innovation et partage

L’objectif est de faire émerger et de consolider des filières biosourcées territorialisées pour sécuriser la production de biomasse et décarboner l’économie, tout en préservant les écosystèmes et en favorisant la captation de carbone dans un contexte de changement climatique.

L’eXtrême Défi Bioéconomie propose un parcours d’innovation, adapté au développement de ces filières, avec trois éléments clés :

  • L’accompagnement de plusieurs filières simultanément en créant des synergies entre elles ;
  • Le soutien depuis l’idéation jusqu’au déploiement, avec une confrontation rapide au marché ;
  • L’ancrage de ces nouveaux écosystèmes industriels dans des territoires volontaires et engagés.

Il s’agit d’adresser un axe de travail complémentaire aux dispositifs existants – davantage centrés sur les filières majoritaires – traité avec une approche innovante qui s’appuie sur l’innovation de terrain et le partage de communs. L’objectif est ainsi d’appuyer les filières en construction pour lever rapidement les verrous très divers qui auront été identifiés (prélèvements ciblés, matériel spécifique, logistique, process de transformation, débouchés marchés spécifiques, etc.).

 

DATES CLÉS

Ce défi va se dérouler sur plusieurs années :

  • 2024– phase expérimentale : sélection de premières équipes pour maturation, via une relève, clôturée le 23 septembre 2024 ;
  • 2025– phase de déploiement : sélection de nouvelles équipes pour maturation et mise en place des phases de passage à l’échelle

Les équipes pourront postuler sur la plateforme web « Innover pour la transition écologique » de l’ADEME : https://www.innoverpourlatransitionecologique.fr/fr/challenges/xd_bioeconomie. Des webinaires sont par ailleurs prévus au deuxième trimestre 2024 pour présenter la suite du dispositif.

L’eXtrême Défi Bioéconomie est aussi une démarche collaborative par nature, qui vise à rassembler un écosystème d’acteurs au service des filières en développement. Cet écosystème restera en construction tout au long de l’eXtrême Défi et à vocation à se renforcer au fur et à mesure de l’identification des besoins.

 

Plus d’infos : xd.bioeconomie@ademe.fr

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