L’ADEME a publié son rapport 2024 sur les marchés et les emplois liés à la transition énergétique en France, qui analyse 24 filières clés en comparaison avec les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Ces filières, liées aux domaines d’intervention et d’expertise de l’ADEME, incluent l’efficacité énergétique des bâtiments, les énergies renouvelables et de récupération, ainsi que les transports terrestres sobres en énergie.
Plus de 400 000 emplois mobilisés
Le rapport met en évidence une croissance significative de ces secteurs, avec un chiffre d’affaires atteignant 113 milliards d’euros en 2022, dépassant le seuil des 100 milliards d’euros, et plus de 400 000 emplois mobilisés. Cette analyse, actualisée annuellement depuis le Grenelle de l’Environnement de 2008, montre des dynamiques de croissance variées à court et long terme.
Bâtiments (dont énergies renouvelables) : En 2022, le marché de la rénovation énergétique s’est stabilisé à 16,7 milliards d’euros après un rebond en 2021. Malgré une reprise, l’isolation des parois opaques reste en dessous des objectifs, tandis que les pompes à chaleur aérothermiques et les chauffe-eaux thermodynamiques dépassent largement les attentes.
Énergies renouvelables (dont bâtiments) : Le chiffre d’affaires a augmenté de 46 % entre 2020 et 2022, atteignant 49,5 milliards d’euros grâce à une hausse des investissements et des activités d’exploitation-maintenance. Les secteurs du photovoltaïque et de l’éolien ont enregistré des croissances notables de 64 % et 20 %, respectivement. Les marchés de la chaleur renouvelable individuelle et collective ont également connu une forte expansion.
Mobilité/Transports : Le marché a dépassé les 50 milliards d’euros en 2022, impulsé par les politiques d’aide à l’acquisition de véhicules électriques et hybrides. Les transports en commun urbains et ferroviaires ont également retrouvé ou dépassé leurs niveaux de 2020.
Comparaison avec les objectifs PPE/SNBC
Les estimations de 2023 montrent des écarts contrastés entre les résultats et les objectifs PPE/SNBC. Le plus spectaculaire est le dépassement de 80% pour les emplois des pompes à chaleur individuelles et chauffe-eau thermodynamiques. Les investissements en efficacité énergétique réduisent à long terme la dépendance aux importations d’énergie fossile et donc le déficit commercial. Cependant, à court terme, ces investissements ont creusé le déficit commercial, principalement en raison des importations de véhicules peu émetteurs.
Enseignements sur longue Période
Depuis 2006, les marchés liés à l’efficacité énergétique ont triplé. Les énergies renouvelables ont vu leur chiffre d’affaires quadrupler, et le secteur des transports terrestres a multiplié par cinq son marché, démontrant une forte transition vers la décarbonation. En 2022, le marché des transports a atteint 50,3 milliards d’euros, représentant 44 % du total des trois grands secteurs et près d’un tiers des emplois.
En conclusion, l’étude montre que les efforts pour aligner les dynamiques actuelles sur les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) portent souvent leurs fruits, avec toutefois des évolutions contrastées, marquées par des fluctuations importantes dans certains sous-secteurs, avec en retour des risques de « stop and go » mais qui peuvent être prévenus dans le cadre de la planification écologique.
Les résultats indiquent aussi qu’une attention particulière doit être accordée à la compétitivité externe et aux investissements qui nécessitent une plus grande coordination en raison de leur complexité intrinsèque, comme la rénovation de logements et le développement ferroviaire.